Petite pause cette semaine dans les articles de Florent qui goûte à un repos bien mérité.
Cela nous permet de vous proposer en bonus de fin d'année la seconde partie de notre précédente émission.
Après vous avoir exposé la genèse des adaptations de comics à la télévision, nous nous penchons sur leur avenir au cinéma et sur le petit écran avec l'embouteillage (et surement le carambolage) qui se profile d'ici à l'horizon 2020.
Le débat est lancé : subira-t-on une overdose de comics suite à leur surreprésentation ?
L'équipe de Radiophogeek vous souhaite une bonne écoute et de bonnes fêtes de fin d'année !
N.B. : Cette émission a été enregistrée avant la présentation dans le détail des prochains films Marvel, ne vous étonnez donc pas si nous en parlons à l'état de rumeurs :)
mardi 23 décembre 2014
Emission n°26 bis : Se dirige-t-on vers une overdose des adaptations de comics sur petits et grands écrans ?
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samedi 20 décembre 2014
Marvel Knights : Spider-Man - Le dernier combat (Panini Comics - Février 2012)
En
Février 2012 est sortie chez Panini Comics la réédition d'un
Deluxe aujourd'hui introuvable, l'histoire complète connue sous le
titre de Marvel
Knights : Spider-Man, le dernier combat,
une mini-série exceptionnelle sur le Tisseur du milieu des années
2000 et signée par Mark Millar au scénario, accompagné par Terry
et Rachel Dodson au dessin et Frank Cho en soutien, rien que ça
messieurs dames !
C'est
pour moi un immense plaisir que de pouvoir vous parler de cette
histoire, que j'ai lu pour la première fois en format kiosque VF il
y a maintenant plus de 7 ans... eh oui... l'un de mes tous premiers
contacts avec l'univers comics du Tisseur, avec le run de Straczynski
en parallèle. J'ai découvert cet album tout récemment et
totalement par hasard (un grand merci à Comicsplace)
et j'en suis tombé à la renverse, le bonheur de retrouver cette
histoire de mon ''enfance'' pas si lointaine, et tout bonnement l'une
des meilleures histoires jamais écrites et dessinées sur Spider-Man
selon moi. Oui j'ose le dire et je le maintiendrai coûte que coûte.
Spider-Man et le Bouffon Vert. Peter Parker et Norman
Osborn. Deux ennemis jurés, deux opposés s'attirant inexorablement
et connaissant chacun tout de l'autre. Alors qu'une trêve avait été
instaurée entre le héros et le vilain, ce-dernier finit par la
rompre, de lassitude, et s'en prend violemment à Peter en le
poussant dans ses tous derniers retranchements au terme d'un combat
épique et sanglant que rien ne semble pouvoir stopper. Finalement
vaincu et incarcéré dans la prison pour surhumains de Riker's
Island, Osborn semble enfin hors d'état de nuire et Peter s'apprête
à goûter un repos bien mérité en compagnie de sa chère et tendre
Mary-Jane et de sa non moins chère Tante May. Mais bien vite la paix
sera de courte durée : un mystérieux kidnappeur enlève Tante
May dans son nouvel appartement de Manhattan et oblige Peter à se
lancer dans une course contre la montre désespérée et une
véritable chasse à l'homme dans laquelle tous les coups sont
permis. Isolé, sans alliés ou presque, Spider-Man ne devra compter
que sur lui-même et sur son intuition, qui le guidera à travers les
pièges des nombreux vilains qu'il croisera sur sa route. Mais tout
n'est pas noir ou blanc et les ennemis de l'Araignée ont eux-aussi
un rôle à jouer dans toute cette histoire, eux-aussi embarqués
contre leur gré dans ce gigantesque jeu de dupes où la victoire est
plus qu'incertaine et où le temps est compté. Osborn semble
connaître la clé de l'énigme, et y être lié lui aussi d'une
certaine façon, mais se refuse à aider son adversaire gratuitement.
Pour sauver Tante May, Peter devra faire un choix crucial qui risque
de le transformer à jamais : s'allier à son pire ennemi et le
faire évader de prison avant qu'il ne soit assassiné par des
comploteurs en sachant très long sur tous les protagonistes du
récit. Vérité ou mensonge, peur ou machination, Osborn laisse à
Peter le loin d'accepter ou non ce marché diabolique et de se
remettre entre ses mains, quelles qu'en soient les conséquences. Il
se pourrait bien que le plus grand héros de la ville ne devienne
l'un de ses criminels les plus recherchés... et ne perde tous ceux
qu'il aime.
Comme je l'ai déjà indiqué dans l'introduction, une
histoire vraiment géniale selon mes critères, qui m'a transporté
sans limites dans le récit magistral de Millar qui offre un tout
nouveau regard sur le monde des super-héros et de belles réflexions
en perspectives pour le lecteur sur certains événements passés,
ainsi que des dessins superbes du couple Dodson, dont on sent qu'ils
maîtrisent à fond le sujet et les personnages à traiter. Comme
toujours Terry Dodson se fait plaisir à illustrer Mary-Jane et bien
entendu la Chatte Noire, son personnage fétiche, jamais aussi
séduisante et envoûtante que sous son tracé. Mais les hommes ne
sont pas en reste, loin de là même, et chaque page est l'occasion
d'admirer un peu plus de cette virtuosité si particulière et qui
nous manque tant aujourd'hui je trouve. Comme le dit Stan Lee en
personne dans la préface de cet album, il s'agit d'un récit ayant
la dimension non pas d'un simple comic-book, mais bel et bien d'un
film sur grand écran de cinéma, qui nous transporte et nous fait
rêver et vivre l'histoire tout au long de cette lecture et de cette
expérience presque unique en son genre. Pour moi, un réel bonheur
sans limite que d'avoir pu relire ce récit que j'aimais tant et aime
aujourd'hui plus encore.
Deux regrets à formuler concernant l'édition
française de Panini. Premièrement, le chapitrage (fait d'intercaler
les couvertures des différents numéros entre les numéros/chapitres
en question, plutôt que compilées à la fin de l'album). Je veux
bien comprendre qu'en France et en Europe nous avons l'habitude de
lire des histoires complètes toutes d'un bloc au sein d'un album, et
que les coupures sont rares dans ces cas-là, mais cette histoire-ci
est la parfaite illustration de la nécessité de respecter le
chapitrage pour les comics. Cette histoire est un film, ou un
feuilleton, elle a été construite comme telle, illustrée comme
telle, et donc il convient pour le lecteur de pouvoir marquer une
pause visuelle entre la fin d'un chapitre tendu et le début du
suivant. Ça casse un peu la tension, quand toutes les pages sont à
la suite les unes des autres sans séparation définie dans l'action
''à suivre''. Enfin, cela n'empêche nullement d'apprécier cette
lecture, et ce léger problème de Panini depuis quelques temps
devrait être corrigé dans les mois à venir sur leurs prochaines
parutions.
Secondement et dernièrement, la couverture principale.
Je déplore le choix de celle du chapitre #2 comme illustration de
l'album, là où une autre telle que celle du chapitre #1, du
chapitre #10 ou du chapitre #11 aurait parfaitement fait l'affaire et
réussi à retranscrire à merveille l'atmosphère du récit d'un
seul coup d'oeil.
Une
excellente histoire, d'excellents auteurs/dessinateurs à la barre,
quasiment tous les meilleurs personnages de l'univers de Spider-Man
réunis dans un seul et même récit, que demander de mieux ! Et
surtout qu'attendez-vous pour le dégotter et le lire à présent ?
C'est pour moi l'équivalent de ce que fut la saga Silence
(Hush)
pour le personnage de Batman et son entourage. Si avec ça je
n'arrive pas à vous convaincre...
Sur ce, je vous laisse quand même vous faire votre
propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous
retrouver bientôt pour un nouvel article !
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mercredi 17 décembre 2014
Injustice tome 1 - Année 1, 1ère partie (Urban Comics - Décembre 2014)
Si
vous faites partie des chanceux en ce mois de Décembre et en ces
préparatifs enfiévrés de Noël, vous n'aurez certainement pas
manqué la sortie de ce premier tome de la série Injustice
en comics, cette préquelle au fameux jeu-vidéo Injustice
– Gods among us
par les créateurs de Mortal
Kombat,
sorti il y a relativement peu finalement. Cette édition spéciale
proposée par Urban Comics nous offre la ''première année'' de
cette série, ainsi que le jeu-vidéo sur PC en version Game Of The Year
(attention édition limitée), vous pourrez y retrouver le récit que
les plus veinards/riches d'entre nous ont eu la chance de découvrir
en introduction dans le petit fascicule fournit avec les versions
collectors du jeu à l'époque de sa sortie. Cette introduction de
quelques pages devient donc un magnifique album complet adoptant le
plus grand format de chez Urban pour notre plus grand plaisir, et
nous proposant pas moins de 6 chapitres complets plus les trois
disques du jeu, le tout pour 20€ seulement. De quoi avoir un petit
avant-goût de Noël, non ?
Dans
ce monde, très semblable à celui que l'on connaît chez DC,
Superman est à la veille d'une toute nouvelle vie. Loïs Lane, sa
compagne et collègue, est enceinte de lui, et tout le monde est en
liesse et se réjouit d'avance de cet avenir qui s'annonce grandiose
pour le héros de lumière. Malheureusement, à grand événement,
grande réaction opposée. Le Joker enlève Loïs lors de l'un de ses
reportages, et s'arrange pour que l'Homme d'Acier le sache dans les
plus brefs délais. Fou de chagrin et de peur, Superman se lance dans
une quête effrénée pour retrouver son grand amour, la source de
tant de ses espoirs, tandis que tous ses amis et soutiens de la Ligue
de Justice mettent tout en œuvre pour l'épauler et empêcher que le
pire n'arrive. Mais lorsque Superman retrouve enfin Loïs, il est
déjà trop tard. Le Joker a piégé l'Ange de Metropolis et lui fait
commettre l'impensable en manipulant son esprit par la peur : il
tue Loïs de ses mains. Cette perte tragique sera accompagnée par la
disparition de quasiment tout Metropolis, atomisée par une bombe
reliée au cœur de la compagne de Superman par le Joker. Commence
alors pour le plus grand héros de la Terre une descente aux enfers
qui se soldera par une reconstruction drastique de sa doctrine et de
ses valeurs. Désormais, Superman ne se retient plus, il ne joue
plus. Le monde va devoir apprendre à marcher au pas et à cesser
toute violence envers les innocents. Guerres, crimes, complots,
Superman s'oppose à tout cela et applique sa nouvelle loi d'une main
de fer, secondé par Wonder Woman et la majorité des membres de la
Ligue de Justice qui voient enfin une occasion de changer le monde en
profondeur. Tous, sauf Batman, qui continue de penser qu'un tel
changement ne doit pas se faire dans des conditions si rudes et si
douloureuses et que l'éradication du Mal n'est pas la solution.
Quand Superman commet l'irréparable sur la personne du Joker,
l'opposition commence à rassembler petit à petit ses forces, tandis
que les tragédies s'accumulent et que les tensions grondent.
Bientôt, chacun devra se choisir un camp. La paix absolue et
contrôlée voulue par Superman et Wonder Woman, ou bien la
résistance et la liberté défendue par Batman et un petit nombre,
prêts à se sacrifier pour leurs idéaux et rendre la raison à
leurs anciens amis. Durant cette première année, beaucoup paieront
leur choix de leur vie, et le fossé se creusera toujours plus à
mesure que les pertes abonderont. Bienvenus dans le monde
d'Injustice,
dans un monde où les dieux combattent entre eux parmi les simples
mortels, pour l'avenir de la planète toute entière.
J'ai pensé beaucoup de choses avant de lire cette
série. Me référant tout d'abord au petit fascicule de la version
collector du jeu-vidéo, je pensais qu'il ne s'agissait là que d'un
coup marketing pour promouvoir le jeu et guère plus. Puis, en voyant
que le comics continuait sa petite vie éditoriale et fonctionnait
plutôt bien, j'ai pensé qu'il s'agissait surtout de développer
l'univers du jeu sur papier et d'offrir un background sympathique et
construit aux personnages en dehors des combats proposés et du mode
histoire. Ensuite, j'ai décidé d'acheter ce tome sorti ce mois-ci
chez Urban, principalement parce que le jeu est offert à l'intérieur
et que ça c'est vraiment la classe, mais aussi par curiosité et
intérêt personnel, me demandant comment diable une série née de
la publicité pouvait se maintenir aussi aisément. Eh bien j'ai été
sacrément surpris !
Injustice
en comics, c'est un peu le Civil
War
de DC dans un univers alternatif/parallèle/ce que vous voulez. Ça
n'a peut-être pas l'air de grand chose vu comme ça, mais la portée
de ce récit est vraiment impressionnante, les personnages sont
extrêmement bien caractérisés et représentés, dans toute leur
humanité tout comme dans leurs côtés les plus extrêmes et
sombres, les psychologies comprises et fouillées, et oui pour ma
part j'y vois clairement des influences de la Civil
War de
Marvel, c'est peut-être même mieux amené ici comme concept que
dans l’œuvre de la Maison des Idées. Injustice
prend tout son temps pour s'installer et nous mettre dans le bain, ne
nous fait aucune fausse promesse et nous propose simplement de nous
laisser porter par le récit et ses implications futures, tout en
restant d'une simplicité et d'une accessibilité assez bienvenue
pour tout nouveau lecteur ou toute personne ne voulant pas se prendre
la tête à chercher dans la continuité historique de tel ou tel
personnage. La qualité graphique n'est peut-être pas vraiment au
rendez-vous de chapitre en chapitre, il y a parfois des différences
un peu gênantes à ce niveau d'un artiste à l'autre, mais
globalement tout se suit et se complète assez bien, et les auteurs
(sortis de je ne sais où je l'admets) connaissent apparemment leurs
sujets sur le bout des doigts et nous offrent un magnifique ''What
if...'' dont on aurait tort de se priver, jeu ou pas. J'irai même
jusqu'à dire qu'on peut totalement faire abstraction du jeu, le
comics a l'air de pouvoir prendre sa propre destinée en mains et de
tracer sa route tout seul comme un grand, et je suis maintenant assez
curieux et emballé à l'idée de lire prochainement la suite !
Un récit d'envergure mais qui sait ne pas prendre trop de place dans
son propre univers éditorial, voilà qui a de quoi intriguer de nos
jours.
A noter aussi la présence de magnifiques artworks du
jeu, du plus bel effet, en guise de couvertures pour les chapitres.
Des pages bonus grandement appréciables pour tout admirateur du
genre !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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dimanche 14 décembre 2014
Ekhö, monde miroir tome 3 - Hollywood Boulevard (Arleston & Barbucci - Soleil - Novembre 2014)
C'est
après un certain temps maintenant mais toujours une joie immense que
je reviens vous parler de la bande-dessinée Ekhö,
monde miroir,
de Christophe Arleston et Alessandro Barbucci, et dont le troisième
tome tout nouveau tout beau a été édité par Soleil en Novembre
dernier. Après le New York du music-hall, puis le Paris impérial,
voici désormais les paillettes d'Hollywood pour une nouvelle enquête
de Fourmille et Yuri dans ce monde si étrange et si séduisant, mais
néanmoins dangereux.
En visite dans les plus grands studios d'Hollywood pour
débaucher une actrice de renommée mondiale, Norma Jean, les membres
de l'agence artistique Gratule vont se retrouver au cœur d'un
phénomène médiatique sans précédent ! Norma Jean, celle que
tout le monde aime et idolâtre, celle qui a chanté pour
l'anniversaire du Gouverneur de Californie et l'a ému aux larmes,
l'entêtée et délurée Norma Jean que rien n'arrête, est retrouvée
noyée chez elle, dans sa piscine, avec à ses côtés plusieurs
médicaments et une bouteille de champagne, vide. La conclusion tombe
très facilement pour les autorités : suicide ou overdose. Mais
ce serait plus simple si l'esprit de Norma n'habitait pas désormais
le corps de Fourmille et ne continuait pas à mener sa vie comme elle
l'entend, au détriment du bon sens et de la discrétion. Pour rendre
à Fourmille son intégrité psychique, une seule solution, comme
d'habitude : élucider le mystère de ce tragique décès. Qui
aurait eu intérêt à ce que la belle idole de l'Amérique
disparaisse de cette façon ? Les studios ? Des proches ?
Une actrice rivale et jalouse ? Des questions assez habituelles
dans ce genre de situation, mais qui cachent en réalité quelque
chose de bien plus sombre qu'il n'y paraît. Cette enquête au final
bouleversant laissera des traces et aura peut-être des conséquences
dans l'avenir proche du tandem Fourmille/Yuri, pour le meilleur ou
pour le pire. Déjà qu'ils ont... oups !
Un merveilleux troisième tome pour une bande-dessinée
qui m'attire toujours autant, pleine de peps et d'énergie, de belles
couleurs (grâce à Nolwenn Lebreton) et toujours cette apparente
légèreté teintée de cynisme et de tragique, romancé bien
entendu. Du très bon travail, qui se lit très facilement et s'en
apprécie tout autant, et qui offre même au lecteur avisé de belles
petites références à de nombreux films cultes du cinéma Américain
(mais pas que !), en plus de traiter une fois encore d'une tragédie
historique de notre monde réel en l'intégrant dans cet univers
inversé et fantastique, tout comme dans le tome 2.
Je continue donc de vous conseiller de vous jeter sur
cette série, prometteuse et très agréable, facile à lire et à
appréhender, aussi adulte qu'il est nécessaire mais très positive
et distrayante.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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mercredi 10 décembre 2014
La proie d'Hugo Strange (Urban Comics - Septembre 2014)
Encore
un récit de la collection ''DC Nemesis'' de chez Urban, me
direz-vous ? C'est vrai que c'est une collection que
j'affectionne tout particulièrement, un peu comme ''Marvel Dark''
chez Panini, en raison de ses histoires plus sombres qu'ailleurs. Et
les vilains de DC Comics sont tout de même, pour ceux de Batman,
bien plus emblématiques et passionnants que la plupart de ceux de
Marvel ! C'est d'ailleurs le cas de celui-ci, le professeur Hugo
Strange, docteur en psychiatrie officiant à Gotham City et grand
obsédé par Batman depuis l'apparition du justicier. Ennemi de ses
premières heures, Strange a tout tenté pour briser
psychologiquement la Chauve-Souris, l'amener à se trahir et
découvrir son identité secrète, dans le but de le démasquer
publiquement mais surtout de prendre sa place, symboliquement
parlant. Pour faire cesser son obsession, Strange doit tuer le
Batman, le personnage construit de ce héros trop parfait, de cet
idéal inaccessible pour lui. Et si pour cela il doit également tuer
l'homme sous la cape, qu'à cela ne tienne ! Doug Moench et le
dessinateur Paul Gulacy nous replongent avec brio et intelligence
dans les premières années d'aventures de Batman, revisitées pour
les décennies suivantes (celles de la série Legend
of the Dark Knight),
en tâchant de retranscrire le ton très sombre et violent de
l'époque, cette fin des années '30 où les récits pulps étaient
encore la norme et où les enquêtes se terminaient souvent de triste
manière.
Ainsi,
dans cette histoire, nous assistons aux toutes premières apparitions
du Batman à Gotham, comme dans Année
Un.
Tandis que l'opinion publique se divise rapidement sur les
motivations et la valeur de l'action d'un tel justicier, le
professeur Hugo Strange apparaît comme un sérieux détracteur du
Chevalier Noir et propose ses services à la mairie afin de le
démasquer et de le livrer à la police, en établissant son profil
psychologique et en menant à la création d'une brigade
d'intervention spéciale chargée de traquer et d'arrêter Batman par
tous les moyens. Gotham devient alors le théâtre d'une sanguinaire
lutte d'influence, entre Strange qui gagne peu à peu du terrain et
Gordon qui tente tout son possible pour protéger son allié, quitte
à se mettre lui-même dans une situation très délicate vis à vis
des autorités. Sans parler du justicier, qui en vient doucement à
douter de sa propre santé mentale et qui se perd dans les fantômes
de son passé, les ombres de ses traumatismes et de la création du
personnage de Batman à partir de l'enfant brisé que fut Bruce
Wayne. Strange monte alors sa campagne d'un cran en faisant sien le
pouvoir des médias, et lance une véritable propagande de
harcèlement à l'encontre de Batman, arrachant un à un tous les
détails le conduisant vers son inévitable conclusion, la véritable
identité du Chevalier Noir. Dès lors, il ne peut plus y avoir qu'un
dénouement possible : la disparition de la Chauve-Souris, ou
celle d'Hugo Strange. Le duel psychologique entre les deux hommes
prend une tournure de plus en plus violente à mesure que la fin se
rapproche, inexorablement, et que les premières victimes
collatérales s’amoncellent... et sur toutes les lèvres, y compris
celles des protagonistes, la même question se pose encore et
encore : qui est vraiment sain d'esprit ?
Après la conclusion brutale de la première histoire,
nous avons droit à un second récit d'envergure, se déroulant
quelques années plus tard, avec le retour d'Hugo Strange et la mise
en place de son implacable vengeance, déterminé à détruire Batman
une fois pour toutes et à se libérer de sa dangereuse obsession.
Pour cela, il commettra l'irréparable et s'arrangera pour faire
sortir d'Arkham le tristement célèbre Jonathan Crane, alias
l'Epouvantail, psychologiquement brisé par ses premiers
affrontements avec la Chauve-Souris, et que Strange va entreprendre
de regonfler à bloc pour se servir de son gaz de terreur, tout en le
maintenant sous son emprise thérapeutique. Mais cette fois, le
psychiatre semble avoir trouvé plus fou que lui, et très rapidement
la situation échappe totalement à son contrôle et l'Epouvantail se
rebelle, ivre de rage et du désir de vengeance envers toutes les
personnes l'ayant torturé et humilié durant sa jeunesse, jusqu'à
Batman et Strange eux-mêmes. Ce qui était jusque là une
machination bien huilée se transforme alors en véritable cauchemar,
qui poussera Batman dans ses derniers retranchements et le plongera
dans la folie de l'Epouvantail ainsi que dans ses propres peurs les
plus secrètes et profondément enfouies, là d'où nul ne revient
indemne. Quoi qu'il arrive, quelle que soit l'issue de ce combat
désespéré pour la survie, les blessures infligées au héros ne se
refermeront sans doute jamais complètement et feront de lui le
justicier que nous connaissons...
Deux
très très bonnes histoires, j'ai tout particulièrement aimé la
seconde je dois dire, même si la première est vraiment magistrale
de bout en bout, une sorte de thriller psychologique absolument
intense qui nous tient en haleine jusqu'à la résolution finale, et
même au-delà. Un véritable chef-d’œuvre d'écriture et de mise
en scène, comme on en voit trop rarement depuis. Quant à la seconde
histoire donc, c'est tout simplement sans doute la meilleure histoire
que j'ai pu lire avec l'Epouvantail, ainsi que sur la relation
naissante entre Batman et Catwoman (qui apparaît dès le premier
récit) qui déterminera nombre des éléments futurs pour ces deux
personnages. C'est une plongée merveilleuse dans le passé du héros
et de son univers, de ses plus intimes combats, qui permet à un
public plus jeune de comprendre un peu mieux les doutes et les
faiblesses de l'homme chauve-souris et de s'enfoncer dans la noirceur
de ses origines les plus douloureuses. Le dessin vieillot de la
première histoire, Proie,
est un bon moyen de voyager entre les époques et de retrouver
l'ambiance feuilletonnesque des premières années des parutions sur
Batman, tandis que le style graphique de la seconde, Terreur,
est digne d'un film (vous noterez par ailleurs les petites références
à la Gotham de Tim Burton, j'ignore qui est venu en premier mais
tout est lié c'est assez clair) et est extrêmement agréable à
regarder.
N'hésitez
donc pas longtemps avant de vous prendre cet album, La
proie d'Hugo Strange
est une véritable mine d'informations pour les lecteurs les plus
anciens comme les plus récents, il vous permettra de vous
familiariser avec l'un des ennemis les plus acharnés et intimistes
de Batman et vous proposera une virée dans la psyché du héros que
vous n'êtes pas prêts d'oublier de sitôt. Toutes les promesses
faites par Urban au dos de l'album lors du résumé et de sa
présentation sont donc tenues selon moi !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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dimanche 7 décembre 2014
Sexe tome 1 - L'été du hard (Delcourt - Juillet 2014)
Les
comics, ce n'est pas que Marvel ou DC. C'est aussi une myriade
d'éditeurs moins imposants mais tout aussi importants dans
l'industrie, ceux que l'on appelle les Indépendants, et dont le plus
gros reste à ce jour et depuis sa création Image Comics. C'est chez
eux que l'on trouve de petites merveilles telles que Saga,
par exemple. Ou encore le comics dont je m'apprête à vous parler,
sorti chez nous en Juillet dernier chez Delcourt, et sobrement
intitulé Sexe.
Scénarisé par Joe Casey et dessiné par Piotr Kowalski, ce récit
passionnant nous propose un concept atypique : imaginez un
super-héros semblable à ce bon vieux Bruce Wayne, ayant traversé
un soudain passage à vide et décidant de raccrocher sa cape et son
masque pour se consacrer entièrement à sa vie civile, au sein de sa
cité idéale de modernisme ?
C'est le cas de Simon Cooke, milliardaire et PDG d'une
compagnie internationale basée à Saturn City, la ville du progrès.
Simon a aussi été connu pendant des années sous le nom du Saint en
Armure, un justicier combattant le crime à l'aide de gadgets et d'un
entraînement intensif, dans le but de nettoyer Saturn City de la
vermine qui la gangrène dans l'ombre. Mais voilà, suite au décès
d'une personne très proche de lui, Simon décide, après un temps de
réflexion, de remiser son costume et d'abandonner sa vie de
super-héros pour revenir sur le devant de la scène en tant que
Simon Cooke, et rien de plus. Avec l'idée de changer les choses en
plein jour et à la vue de tous dans le domaine public, il n'était
cependant pas préparé à ce qui allait suivre : la difficulté
de se réadapter au milieu des civils. Et surtout, en côtoyant
chaque jour le vice et la décadence de cette ville trop parfaite où
les pauvres sont livrés à eux-mêmes et où les riches ne demandent
qu'à s'encanailler pour se distraire. Difficile de comprendre tout
cela lorsque l'on a été l'un des êtres les plus vertueux de la
ville durant des années, mais il faut pourtant faire bonne figure et
accepter bon gré mal gré de se ''mettre à la page''. Il pourrait
même y avoir de bonnes surprises, comme de retrouver une ancienne
alliée costumée sous son visage civil également et commencer un
nouveau genre de jeu du chat et de la souris avec elle, un peu comme
au bon vieux temps finalement. A ceci près qu'il faut ajouter le
stress de la position à temps plein de PDG d'une entreprise si
renommée et cruciale pour l'économie locale et nationale, ainsi que
la recrudescence du crime qui désormais ne se cache même plus pour
mener ses affaires. Comme si finalement, l'action du Saint en Armure
n'avait servie à rien durant tout ce temps, et que son départ n'ait
fait qu'accélérer les choses. Dans ces conditions, à quoi bon
rester droit et immaculé alors que tout fout le camp et que la
tentation s'intensifie d'enfin connaître le mauvais côté de la
vie, la décadence, le laisser-aller lascif des soirées mondaines,
l'exercice du pouvoir social, celui de l'argent... le sexe. Sous bien
des formes. Une nouvelle vie commence pour Simon Cooke, bien loin du
héros qu'il était et qu'il persiste à vouloir rester, quoique
moins vivement à mesure que le temps passe. Une vie dans laquelle il
a encore tant de choses à apprendre, à découvrir... et dont il
tâchera de profiter.
Grandeur
et décadence d'une idole, non pas déchue cette fois-ci mais l'idée
est bien présente. Que devient un héros lorsqu'il prend sa
retraite, comment revenir à la vie civile et comme appréhender
toutes les facettes de cette existence, partagée entre le bien et le
mal, entre le vice et la vertu, où rien n'est tout blanc ou tout
noir mais tout en nuances de gris (tiens tiens...) ? Sexe,
c'est le récit inédit et novateur de cette chute morale, qui n'en
est vraiment une que selon le point de vue que le lecteur choisira
d'adopter durant son expérience de découverte. Beaucoup de
questions morales et sociologiques, psychologiques, seront posées au
lecteur dans ce premier tome, en guise de sous-texte faisant
réfléchir à notre propre société et à ses valeurs si facilement
déformables voir oubliables. Simon, après toutes ces années de
droiture et de service aux autres, n'a-t-il pas le droit aujourd'hui
de s'éclater comme une bête lui aussi et de bouffer la vie à
pleines dents ? Un héros doit-il forcément s'interdire de
connaître le plaisir, charnel ou autre, pour avoir le droit d'être
appelé ainsi ? Est-ce vraiment la société qui fait chuter nos
idoles, ou bien est-ce inscrit bien plus profondément dans notre
nature ? Et bien d'autres questions possibles encore, suivant
vos propres impressions et votre caractère.
Pour ma part ce fut une bonne surprise que ce premier
tome, acheté un peu sur un coup de tête après de petites
recherches, dans un moment de creux l'été dernier. Et je ne le
regrette nullement à présent que je (crois) saisir les enjeux et
questionnements de cette série, et tout le potentiel d’innovation
et d'exploration qu'elle nous réserve encore. Comme quoi, et ça
rejoint mine de rien le thème central de l'histoire, ce n'est jamais
mauvais de vouloir tester de nouvelles choses et de découvrir de
nouveaux horizons par curiosité, tant que l'on sait ce que l'on veut
et ce que l'on aime !
Avertissement
toutefois, Sexe
se destine clairement à un public de préférence adulte ou du moins
assez mature et averti pour en comprendre les images ainsi que la
volonté, au-delà du choquant. A ne pas mettre entre toutes les
mains et à ne conseiller qu'à celles et ceux qui sont prêts à
appréhender correctement tout cela.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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vendredi 5 décembre 2014
L'héritage de Deathstroke (Urban Comics - Août 2014)
La
collection ''DC Nemesis'' de chez Urban Comics continue de nous
fournir chaque mois un récit de qualité sur l'un des méchants
emblématiques de l'éditeur. Ici nous avons le plaisir de retrouver
le scénariste Kyle Higgins (Nightwing)
aux commandes d'une seconde série des New52, sur le personnage de
Deathstroke le mercenaire impitoyable aux capacités augmentées,
capable de tenir tête à la Ligue de Justice à lui seul en combat
comme en stratégie. C'est en fait plus une mini-série qu'autre
chose, arrêtée après 7 numéros, mais ça nous permet d'avoir un
tome unique d'une histoire complète, un one-shot très sympathique à
lire, plutôt bien rythmé et dessiné avec talent par Joe Bennett.
Tout le monde connaît le nom de Deathstroke.
Mercenaire, tueur, guerrier. Sa réputation parle pour lui, et chacun
tremble en pensant à ce qui pourrait se produire si d'aventure le
combattant borgne décidait de se choisir une nouvelle cible. Du
moins c'était encore le cas il y a quelques années, car à présent
Deathstroke est un homme d'un certain âge, malgré ses capacités
physiques améliorées, et il commence à ressentir le poids de
l'usure et de la lassitude. Les missions qu'on lui vend ne sont plus
aussi ''épiques'' qu'autrefois, il n'est plus aussi craint qu'avant,
respecté, redouté. Une situation intolérable pour le mercenaire,
surtout lorsqu'on l'oblige à faire équipe avec un commando de bleus
à peine adultes pour une mission très décevante, qui aura le don
de mettre ses nerfs à rude épreuve. Trois carnages plus tard,
Deathstroke se montre clair auprès de ses employeurs potentiels :
des missions de qualité, de son niveau, sinon rien. Seulement voilà,
rien ne va se passer comme prévu après cela et le guerrier sera
poursuivi partout où il se rendra par un mystérieux tueur tout
entier dévoué à la cause de sa mise à mort, en guise de châtiment
et de vengeance pour un crime récent dont les victimes refuseront à
jamais de le laisser en paix. Bien vite l'on se rend compte qu'il
s'agit de bien plus qu'une simple vengeance, car les commanditaires
de ces tentatives d'assassinats semblent bien connaître Deathstroke
et ses habitudes, sa mentalité et ses forces et faiblesses, comme
s'ils l'avaient étudié en profondeur... ou qu'ils le connaissaient,
intimement. Le passé revient doublement hanter Slade Wilson, en
proie à une sensation qu'il déteste profondément pour la première
fois de sa carrière : le sentiment de ne pas pouvoir,
peut-être, aller jusqu'au bout. Son corps le trahit, ses forces
s'amenuisent sensiblement, et ce nouvel ennemi acharné n'abandonnera
pas avant de lui avoir tranché la tête. Dos au mur, le mercenaire
devra affronter son passé et celui de sa famille, ainsi que les
conséquences de la seule action qu'il ait jamais regretté au cour
de sa vie.
Excellente histoire, très divertissante, pas forcément
d'une qualité à tout casser mais au moins c'est un récit plaisant
et agréable à lire, on ne se prend pas la tête, à l'image du
''héros'' de l'histoire on fonce dans le tas au cœur de l'action et
on se contente de se laisser porter au fil des pages et des
chapitres. Une bonne lecture pop-corn, pas forcément marquante ni
même cruciale pour ce personnage en particulier, juste une bonne
moyenne dans ce qui se fait dans l'industrie des comics. C'est loin
d'être parfait partout, cette première série New52 sur Deathstroke
a même laissé à désirer quelques fois, d'où son arrêt, mais
qu'à cela ne tienne, ne nous privons pas de la lire en format
one-shot qui n'engage à rien et qui permettra de passer le temps en
bonne compagnie durant une petite heure. Le dessinateur est inspiré
par ce qu'il fait, le scénariste sait de quoi il parle pour avoir
bien étudié le personnage du fait de ses relations passées avec
Nightwing. Laissez-vous tenter, ça pourrait bien vous plaire comme à
moi et se révéler plus intéressant qu'il n'y paraît de prime
abord.
Petite énigme, quant à la fabrication du tome :
c'est à ma connaissance le seul et unique de tout le catalogue Urban
à bénéficier d'une reliure cartonnée lisse/plastifiée, d'un très
bel effet mais ressortant terriblement dans la bibliothèque au
milieu du reste des albums de l'éditeur. Si quelqu'un a
l'explication là-dessus, sur cette petite différence, je serais
ravi de la connaître !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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dimanche 30 novembre 2014
Ludwig Fantasy tome 1 (Tonkam - Novembre 2014)
La
reine du shojo gothique est de retour avec la nouvelle et seconde
partie d'une de ses séries les plus emblématiques et passionnantes,
j'ai nommé Ludwig
Fantasy,
faisant ainsi suite aux quatre tomes parus lors de la décennie
précédente de Ludwig
Revolution
et dont la fin nous laissait sur une immense ouverture. C'est donc
avec un tout aussi immense plaisir que l'on peut désormais
retrouver, toujours chez Tonkam dans une magnifique édition, les
aventures débridées du prince Ludwig parti à la recherche du grand
amour au sein du monde des contes de fées, revus et corrigés par
l'auteur à l'humour des plus aiguisés !
Après avoir parcouru de fond en combles le continent
de Grimm, dont il est originaire, et sans avoir trouvé le grand
amour tant recherché, Ludwig décide de prendre la mer et met le cap
sur une destination inconnue, toujours accompagné dans son voyage
par son fidèle valet Wilhelm un rien victime de son maître et par
la sorcière sado-masochiste Dorothéa, toujours déterminée à
endurer les supplices les plus vils de la part du prince. Après une
série de naufrages plus ou moins accidentels après avoir eu la
bonne idée de confier la barre à Ludwig, les trois compagnons font
escale sur le continent d'Andersen, où ils se retrouvent d'emblée
impliqué dans une enquête au sein d'un royaume au bord de la mer,
où le jeune prince se dit visité par une mystérieuse créature
marine chaque nuit, et où une servante muette mais non discrète
fait tourner son monde en bourrique. Puis il sera temps de faire
route vers un petit archipel isolé de tout, pour rencontrer le roi
Mikado et tenter de lui obtenir les faveurs et la main de celle que
l'on appelle Princesse Kaguya, et dont la beauté est réputée dans
tout le pays, pour le plus grand malheur de ses prétendants.
Un
excellent nouveau départ pour les aventures perverses et
parfaitement égoïstes de Ludwig, et de très bonnes retrouvailles
pour les lecteurs de la première heure qui attendaient depuis des
années sans trop y croire une suite à Revolution.
Kaori Yuki nous fait le plaisir de nous entraîner de nouveau dans sa
vision des contes de fées, si particulière et unique en son genre,
rafraîchissante et délicieusement irrévérencieuse mais en même
temps assez fidèle aux récits originels mine de rien (pour preuve,
la documentation fournie par l'auteur et son éditeur afin de faire
connaître ces contes aux lecteurs, hors versions Disney). C'est
ainsi que l'on revisite avec humour et intérêt La
Petite Sirène
ou encore Le
Conte du Coupeur de Bambous.
Oui certes, nous débutons sur le continent d'Andersen mais force est
de constater que nous aurons plutôt un fatras d'histoires toutes
origines confondues, ce qui n'est pas pour me déplaire non plus ça
change du cadre uniquement occidental pour une fois et nous permet, à
nous aussi, de découvrir de nouveaux pans de la culture
extrême-orientale.
Le dessin est magnifique, comme d'habitude avec Kaori
Yuki, le style gothique des décors ainsi que des personnages
(vêtements et attitudes) reste fidèle à ce que l'on connaît déjà
venant d'elle, un très grand soucis du détail et de la diversité,
les personnages sont caractérisés à merveille et donnent
l'impression qu'ils nous ont simplement quitté la veille, alors que
nous avons du patienter sans y croire pendant plusieurs années pour
les revoir. Une lecture facile et très intéressante, amusante et
intrigante, en un mot plaisante. Et une très agréable surprise que
ces retrouvailles avec Ludwig et ses compagnons, que l'on espérait
plus ! Vivement la suite à présent, sautez dessus n'hésitez
pas et pour celles et ceux qui prendraient le train en marche,
bienvenus et accrochez-vous bien à vos souvenirs de votre enfance
bercée par Disney, vous risquez de vous sentir un peu malmenés !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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mercredi 26 novembre 2014
Nightwing tome 4 - Sweet Home Chicago (Urban Comics - Août 2014)
Quatrième
tome de la série Nightwing
toujours signée Kyle Higgins au scénario mais avec Brett Booth au
dessin, pour le plus grand plaisir des yeux. Paru en Août dernier,
ce récit prend place juste après les dramatiques conséquences
morales de l'arc Le
deuil de la famille ayant
touché toutes les séries autour de Batman et de ses alliés. Le
moins que l'on puisse dire, c'est qu'il s'agit d'un nouveau départ
pour Nightwing et d'un grand bol d'air frais et neuf des plus
agréables !
Après les agissements du Joker, la confiance entre les
alliés de Batman et leur mentor est brisée, au moins en partie.
Beaucoup ressentent alors le besoin de s'éloigner du Chevalier Noir
pour réfléchir à leur avenir et à ce que le Clown Prince du Crime
leur a à chacun révélé en secret. Aussi, lorsque Dick Grayson
entend parler, par son amie Sonia Branch, de la présence du mafieux
Tony Zucco à Chicago (l'assassin de ses parents lors du tristement
célèbre accident au Cirque Haly), il saisit l'occasion au vol et
quitte Gotham City pour se rendre à Chicago mener l'enquête et
tenter d'attraper une bonne fois pour toutes le criminel en exil, et
de le livrer à la justice pour enfin tirer un trait sur son passé.
Nightwing découvre alors une ville traumatisée par ses ''masques''
et leur assassinat massif il y a quelques années de cela, une ville
qui accueille assez violemment les quelques nouveaux héros qui
voudraient y exercer leur juste cause, et au sein de laquelle sévit
depuis peu un mystérieux cyber-justicier se faisant appeler Le
Farceur, entreprenant de révéler aux citoyens de la ville le vrai
visage de leur maire et de sa campagne, s'en prenant de façon très
agressive aux criminels et se posant comme un héros du peuple.
Malgré cela, Nightwing va réussir à trouver ses marques à Chicago
et à rapidement se faire une place dans cette atmosphère cruelle et
froide, alors que le Farceur sera bientôt le cadet de ses soucis et
que la traque du meurtrier de ses parents prend un tour beaucoup plus
politisé que prévu. Les criminels de la ville vont bientôt
apprendre que les règles de Gotham s'appliquent aussi pour eux à
Chicago, et qu'ils ne seront plus à l'abri du héros solitaire qui
compte bien nettoyer son nouveau foyer, quitte à s'attirer les
foudres d'individus hauts placés et responsables de la disparition
des ''masques'' auparavant...
Un excellent tome une fois encore, pour une série qui
ne déçoit jamais son lectorat et sait continuellement nous
entraîner vers le haut, avec un savant dosage d'action, de noirceur
et de sérieux mais aussi beaucoup d'humour et de lumière, Dick
Grayson n'étant pas Bruce Wayne. Eddy Barrows se fait remplacer par
Brett Booth et je pense que la série y gagne vraiment beaucoup au
change, non pas que Barrows soit un mauvais dessinateur, au
contraire, mais il avait eu tendance dans les chapitres précédents
à baisser un peu la qualité de son travail, tandis qu'ici nous nous
retrouvons avec un graphisme très agréable et fluide, lisible,
absolument cohérent d'une case à l'autre, et aux couleurs et au
découpage captivants. Aucun défaut selon moi, tout est dit dans ce
début de nouveau statu-quo pour le personnage, l'histoire est
traitée dans son entièreté et nous sommes prêts à passer à la
suite au prochain tome. Une série de grande qualité une fois de
plus parmi toutes celles composant les New52 de DC Comics, il est
d'autant plus dommage qu'elle se soit arrêtée en VO (n'ayez crainte
il nous reste encore de la marge chez nous avant de voir la fin) même
si c'est justifié par ce qui se passe lors des events principaux de
l'éditeur.
En bref une lecture facile, reposante, amusante et
captivante, le tout pour un prix correct et sans prise de tête, que
du plaisir je vous dis !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
dimanche 23 novembre 2014
Succubes tome 4 - Messaline (Thomas Mosdi & Marco Dominici - Soleil - Mars 2014)
Et
le voici enfin, le quatrième et dernier tome (actuellement) de la
bande-dessinée Succubes
de Thomas Mosdi. Ici le dessinateur change une nouvelle fois, c'est
donc à Marco Dominici que revient la lourde tâche de parvenir à
restituer l'ambiance et l'atmosphère si particulières d'une Rome
Impériale lors des dernières belles années de la Première
Dynastie.
An 48 après Jésus-Christ. Il est de notoriété
publique que l'Empereur Claude est un faible, vieillard sur le
déclin, et que le véritable pouvoir est entre les mains de son
impétueuse épouse, Messaline, mère de ses enfants. Ce que l'on
sait moins, c'est que l'Impératrice appartient en secret à l'ordre
des Filles de Lilith et a été chargée par ces dernières
d'utiliser le pouvoir dont elle dispose pour éliminer les menaces à
l'encontre des membres de l'ordre, ainsi que de tout faire pour que
sa juste cause en faveur de l'égalité entre les hommes et les
femmes puisse un jour se réaliser durablement. Malheureusement,
Messaline est une femme aux appétits brutaux et insatiables, et dont
la morale douteuse constitue une entrave aux projets de l'ordre.
Cependant, de part la position qu'elle occupe, elle n'en demeure pas
moins l'atout le plus précieux et la grande prêtresse est assez
réticente à l'idée de devoir se débarrasser de l'Impératrice
avant qu'elle ne trahisse leur cause, aveuglée par sa propre soif de
pouvoir et de luxure. En cela, Messaline ne diffère pas tellement
des ennemis des Filles de Lilith, qui commencent d'ailleurs enfin à
se rassembler et à s'organiser pour détruire ce culte de femmes
qu'ils nomment Succubes. La Confrérie des Loups veille dans l'ombre
et attend le premier signe de faiblesse de ses ennemies pour frapper
et porter un coup fatal. L'occasion se présente lorsque Messaline
s'embarque dans une tentative de coup d'état, alors que Claude se
trouve éloigné de Rome elle choisit de divorcer publiquement et
d'épouser un jeune sénateur plein d'avenir, rassemblant autour
d'eux tout ce que la cité compte d'opposants au pouvoir impérial et
de nostalgiques de l'ancienne République. La guerre de l'ombre fait
rage entre les partisans des deux causes, les Filles de Lilith et la
Confrérie des Loups, et nombreuses seront les victimes, tandis que
Rome pourrait bien connaître ses dernières années de faste, alors
que la tempête se rapproche dangereusement dans tous les esprits. Et
au milieu de tout cela, une femme, dont l'envie de vivre et de
profiter pleinement de tous les aspects de la vie pourrait mettre en
péril des millénaires de lutte secrète pour une meilleure société,
pour un monde plus juste. Pour les Filles de Lilith, ce sera le
premier grand revers de leur histoire, qui leur sera presque mortel.
Le salut et l'espoir viendront de la folie des hommes et de leur soif
de vengeance et de pouvoir, en attendant que le monde change
suffisamment pour que la cause des Succubes puisse alors refaire
surface.
Ce tome m'a moins plu que les précédents, notamment
parce qu'il traite assez crûment de la sexualité débridée de
l'Impératrice Messaline. Cependant il y a énormément de points
intéressants qui y sont traités, en premier lieu la face sombre de
l'ordre des Filles de Lilith est pour la première fois représentée
concrètement par une de ses agents, et ce que l'on pensait être une
cause juste et immaculée se teinte alors de sombres nuances de gris
et de noir. Thomas Mosdi prend même la peine de faire un petit topo
historique à la fin du tome et de nous annoncer l'avenir de Rome
après la disparition de Messaline et le règne de Claude, en nous
introduisant les heures terribles de celui de Néron et de la fin de
la Première Dynastie. C'est le premier véritable coup dur pour les
Filles de Lilith, mais l'on se doute qu'elles sauront s'en relever
par la suite et que tout espoir n'est pas encore perdu.
Concernant le dessin, il semble qu'aucun autre artiste
que Marco Dominici n'aurait été mieux placé pour retranscrire à
ce point la beauté et la diversité de cette Rome des premiers temps
de l'Empire, où le faste le dispute au mystère des intrigues et de
la décadence. Car il est aussi question de cela, le déclin lent et
progressif d'une civilisation qui jusqu'ici incarnait ce qu'il
pouvait y avoir de meilleur dans ce monde ancien et dangereux, à
l'aube du progrès mais encore terriblement brutal. Messaline incarne
tout à la fois l'héroïne et l'antagoniste principales de ce récit,
déchirée entre sa condition de femme et son appartenance à Lilith,
et entre son solide et inépuisable appétit pour la vie, le sexe, le
pouvoir. Rien ne semble pouvoir arrêter l'Impératrice qui
s'accroche de toutes ses forces à tout ce dont elle peut profiter,
mais qui n'oublie pas pour autant d'où elle est issue et quels sont
les risques qui pèsent sur elle. Image vivante de la décadence, en
somme, qui préfigure de ce que deviendra Rome dans quelques siècles.
Le style de Dominici est toujours assez réaliste et très similaire
à ceux des deux dessinateurs précédents, on retrouve encore une
fois ce soucis de préserver une certaine cohérence dans la
représentation et un véritable effort pour coller le plus possible
à ce qui a déjà été fait et illustré, tout en apportant sa
touche personnelle au travers des décors et des styles des
différents lieux et personnages. Vivement à présent le cinquième
tome pour découvrir une toute nouvelle époque et peut-être le
renouveau des Filles de Lilith et leur revanche sur les Loups, en
gardant désormais à l'esprit que tout n'est pas noir ou blanc et
que les deux camps comptent nombre de contradictions internes.
Puisque l'on vient de traiter un personnage historique aussi ambigu
et important que Messaline, après la vertueuse et héroïque Eanna,
j'attends volontiers une autre de ces Impératrices farouches de
légende telles que Jézabel ou Zoé !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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mercredi 19 novembre 2014
Justice League tome 4 - La Ligue de Justice d'Amérique (Urban Comics - Juin 2014)
Après
un troisième tome consacré à l'événement magistral que fut Le
Trône d'Atlantide,
Urban nous offre un tome 4 nous présentant les premiers numéros de
la série Justice
League of America,
regroupée avec sa grande sœur pour des raisons assez logiques en
termes d'arguments de vente et de place disponible dans le catalogue.
Cette nouvelle série démarre un peu en parallèle du tome 3 de la
Ligue de Justice que l'on connaît, et nous fait découvrir la
réaction du gouvernement Américain devant l'apparition de ces êtres
à pouvoirs qui peuvent être capables de très bonnes comme de très
mauvaises choses... le tout chapeauté par Geoff Johns l'éternel et
David Finch l'immense artiste au dessin.
L'A.R.G.U.S., l'agence para-militaire chargée
d'encadrer et de surveiller les êtres surhumains tels que les
membres de la Ligue de Justice, envisage depuis quelques temps de
former et diriger sa propre équipe de super-héros afin d'avoir une
force toujours à disposition sur le territoire en cas de besoin et
de danger. Du moins est-ce la raison officielle, car le véritable
motif est tout autre : il s'agit de rassembler une équipe qui,
le cas échéant, serait à même de tenir tête voir de vaincre les
membres de la Ligue de Justice au complet, si jamais ils devenaient
une menace pour les États-Unis et pour le reste du monde. Mais on ne
trouve pas des êtres du niveau tant physique que moral de Superman,
Batman ou Wonder Woman, aussi va-t-il falloir piocher dans les cas
''à problèmes'' listés par l'agence au fil du temps et de ses
enquêtes. Dangereux, psychotiques, implacables, peu sûrs, voir
totalement inexpérimentés pour certains, c'est ainsi que ces
nouveaux héros sont rassemblés sous le commandement du colonel
Steve Trevor pour devenir la nouvelle Ligue de Justice d'Amérique,
pour le meilleur ou pour le pire. Et sitôt formée, cette équipe de
choc devra se concentrer sur la traque et l'éradication d'une
nouvelle menace, baptisée Société Secrète des Supers-Vilains,
dont Green Arrow est parvenu in-extremis à s'échapper et à en
délivrer les principales informations à ses supérieurs avant de
sombrer dans le coma. Hawkman, Catwoman, le Limier Martien (Martian
Manhunter, pour les nostalgiques), Stargirl, Katana, le nouveau Green
Lantern de la Terre et un certain Vibe, tous devront apprendre à se
serrer les coudes et à découvrir l'héroïsme en eux sur le
terrain, à la dure, et à surmonter leurs différences et
traumatismes s'ils espèrent survivre à cette confrontation qui
s'annonce impitoyable, et de laquelle semble dépendre bien plus que
le sort de quelques vilains ou héros, mais bien celui du monde tout
entier et à court terme...
Un
tome 4 ma foi fort plaisant et entraînant, qui nous fait entrer dans
les coulisses de la formation d'une équipe de supers-héros, à plus
forte raison lorsque le gouvernement en est à l'origine. Pour de
bonnes comme de mauvaises raisons, le plus souvent ces dernières
d'ailleurs. L'on observe un peu l'envers du décors, les conséquences
bien humaines et politiques de l'existence d'êtres tels que Superman
ou Wonder Woman et les inquiétudes que peuvent soulever leurs
combats comme leurs alliances, et la nécessité selon les
représentants du pouvoir de disposer de gens aptes à les contrer si
nécessaire. On retrouve un peu de la philosophie de Batman là-dedans
je trouve, à l'échelle de tout un pays ce coup-ci, c'est assez
familier pour nous rappeler des récits emblématiques de l'univers
classique tels que La
Tour de Babel
ou Crise
d'Identité
ne serait-ce que pour la Justice League. La manipulation des médias
comme de l'opinion publique, une démarche très ''commerciale'' dans
la vente de cette équipe aux citoyens ordinaires, le tout dirigé
d'une main de fer par des experts en communication... nous nous
rendons compte assez rapidement que cette nouvelle Ligue est en fait
davantage un ''produit'' qu'une réelle conviction, aux yeux de ses
créateurs, Trevor mis à part. Et justement, tout le génie sera de
nous faire nous attacher à ces personnages et à leurs agissements
malgré ce côté très artificiel, et de finir par leur permettre de
dépasser leurs ordres et ce que l'on attend d'eux pour devenir, à
leur manière, de véritables héros à l'exemple de leurs illustres
modèles.
Geoff Johns maîtrise ses personnages et son histoire
et sait précisément où il veut les entraîner, et que David Finch
s'éclate au dessin même si par moments on ressent quelques petites
difficultés à gérer autant de designs différents les uns par
rapport aux autres. C'est fluide, clair et facile à lire et à
suivre, du bon boulot pour ces premiers numéros de cette nouvelle
série, qui sera une partie primordiale de ce qui va arriver par la
suite dès le tome 5, une fois l'action recentrée sur la Ligue de
Justice habituelle. Une très bonne lecture donc, que je vous
conseille, et qui vous offre toute un nouveau point de vue sur la
question du super-héroïsme et de la façon dont les simples mortels
peuvent le percevoir.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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dimanche 16 novembre 2014
Succubes tome 3 - Eanna (Thomas Mosdi & Gianluca Acciarino - Soleil - Janvier 2012)
Vous
l'attendiez certainement aussi impatiemment que moi, c'est enfin le
retour de la bande-dessinée Succubes
de
Thomas Mosdi au sein de mes articles ! Après
avoir assisté à l'âge d'or et au déclin de l'ordre des Filles de
Lilith, voici le temps de connaître ses origines et les
circonstances de sa création, ainsi que de découvrir enfin le plan
qui pousse ses adeptes à tenter d'influencer l'Histoire derrière
chaque grand homme, quelles qu'en soient les conséquences...
Trois
mille ans avant Jésus-Christ. La cité d'Ur, état royal idéal où
il fait bon vivre, dirigée par un roi juste et bon, fou amoureux de
sa reine, la belle Eanna au charme divin, qui lui rend son amour au
centuple. Mais ce paradis en plein désert est menacé par les armées
d'une cité rivale, Lagash, tenue d'une main de fer par le roi
Mesilim, surnommé le Serpent en raison de sa sournoiserie et de son
affection particulière pour ces reptiles. Alors que le siège d'Ur
fait rage, une trahison insoupçonnée met en péril sa survie, et le
roi Abban se sacrifie ainsi que sa garde personnelle pour donner le
temps à sa reine de s'enfuir en mettant en sécurité le plus de
monde possible. Malheureusement le traître rattrape Eanna et la fait
prisonnière, la condamnant ainsi à servir d'esclave à Mesilim...
ou de nouvelle reine, pour asseoir sa légitimité sur sa nouvelle
possession. Refusant de se soumettre, Eanna blesse le tyran et est
alors condamnée à mourir dans le désert, seule et sans aucune
autre ressource qu'une maigre gourde d'eau. Mais, alors que la mort
se rapproche, Eanna a une vision de Lilith, Première de Toutes les
Femmes, égale d'Adam, née du même limon, qui lui intime de
résister encore quelques instants car elle sera bientôt secourue,
et trouvera une nouvelle raison de vivre. La vision disparue, Eanna
est effectivement sauvée et recueillie par une tribu de nomades, et
elle apprend à vivre anonymement parmi eux au sein de leur oasis,
mettant au monde l'enfant qu'elle portait de son défunt époux et
veillant sur lui, en sécurité. Mais lorsque des émissaires de son
ancien royaume trouvent refuge dans l'oasis et la reconnaissent, son
passé refait brutalement surface et elle sera confrontée à un
choix des plus difficiles : rester parmi les nomades, à vivre
paisiblement loin de tout, ou bien revenir à Ur et tenter de
reprendre le pouvoir des mains de Mesilim, ainsi que venger la mort
de son roi. Sa décision aura de très lourdes répercussions sur
l'Histoire et le monde entier, plusieurs milliers d'années plus
tard. Eanna, par amour et par vengeance, par volonté de justice et
d'équité, va fonder au sein de son royaume un ordre dirigé par des
femmes, pour permettre à toutes les filles de Lilith de part le
monde d'un jour connaître la liberté et l'égalité face aux fils
d'Adam. Celles que l'on nommera plus tard avec dédain les Succubes
vont commencer à s'organiser et à influencer les grands hommes qui
font l'Histoire, fondant un culte qui perdurera au moins jusqu'à
l'ère moderne et qui n'aura eu de cesse, depuis sa création et même
avant cela, de protéger et de sauver les femmes. Pour le meilleur et
pour le pire à venir, les Filles de Lilith veilleront sur leurs
sœurs.
Très
bon tome une fois encore, une histoire lointaine qui précède de
beaucoup les deux précédentes, et qui nous dévoile enfin les
origines de cet ordre de femmes cachées derrière les grands de
l'Histoire depuis de nombreux siècles. Il ne reste à présent qu'à
assister à la naissance du conflit qui les opposera à l’Église
toute-puissante, ainsi qu'à leur avenir après le règne de Napoléon
Ier en France. D'ici-là, rien à redire sur le déroulement et
l'organisation du récit, Thomas Mosdi semble très bien savoir vers
où il se dirige et mène sa barque sans difficultés. Ce tome, plus
que tous les autres de part les événements qu'il présente, est une
véritable ode au féminisme et à l'amour non de la suprématie mais
bien de l'égalité entre les sexes.
Concernant
le dessin, je remarque avec un certain étonnement (mais pas
désagréable) une ressemblance vraiment frappante entre les styles
du tome 2 et du tome 3 (le 1 étant vraiment à part). C'est
incroyable que des artistes différents puissent si bien correspondre
les uns aux autres autour d'une même histoire et parvenir à en
restituer le style si particulier, en en préservant tant le design
que l'atmosphère et le soucis du détail, historique comme fictif.
C'est vraiment très plaisant à observer, cette continuité
graphique si chère à l'auteur, et il faudrait mettre cela plus en
avant dans la promotion de cette série car ça relève d'une
certaine prouesse tout de même !
A
présent, j'attends la lecture du quatrième et dernier tome actuel
pour savoir ce qu'il advient des Filles de Lilith quelques siècles
plus tard, en espérant que la série ne se terminera pas de sitôt
car il reste encore tellement à dire et à raconter ! Tant que
cette qualité se maintient, je signe tout de suite.
Sur
ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite
une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un
nouvel article !
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Thomas Mosdi
mercredi 12 novembre 2014
Superman - A terre (Urban Comics - Mai 2013)
Dernier
grand récit de la période Classique de Superman (1985-2011) avec
laquelle nous avons quasiment tous grandit, signé par l'illustre
mais peu présent J. M. Straczynski au scénario et Eddy Barrows au
dessin, Superman
– à terre
paraît entre 2010 et 2011 pour clore l'immense historique de l'homme
d'acier, au sortir de la plus grave Crise de l'univers DC mais
également la plus grave crise personnelle pour le héros, après la
découverte puis la perte à nouveau de son peuple d'origine à
l'issue d'une guerre impitoyable avec son monde d'adoption. Nécessité
était alors de relancer une toute dernière fois Superman sur les
traces de ce qui a toujours fait son identité, les valeurs qu'il
s'est autrefois juré de défendre et en lesquelles désormais il ne
croit plus.
La Nouvelle Krypton n'est plus. Détruite à l'issue de
la guerre contre le Général Zod, elle emporte avec elle l'ensemble
des survivants de la planète Krypton, le propre peuple d'origine de
Superman, qui se retrouve désormais réellement seul rescapé (si
l'on excepte Supergirl). C'est un coup dur pour l'homme d'acier, qui
perd petit à petit foi en tout ce en quoi il croyait jusqu'à
présent. La réaction des Terriens à son égard ne se fait pas
attendre, les doutes s'élèvent et beaucoup perdent également
confiance en leur protecteur de toujours, se demandant si son
allégeance va toujours à la Terre, son monde d'adoption et
désormais le seul qui lui reste, ou bien s'il va s'en détacher
comme il a tendance à le faire depuis quelques temps. Sommé de
s'expliquer, Superman tente de rassurer l'opinion publique, mais il
apparaît plus vulnérable que jamais moralement, brisé. Alors,
lorsqu'une femme surgit de la conférence de presse et le gifle en
plein visage, lui reprochant la mort de son époux qu'il aurait pu
soigner s'il avait été présent sur Terre au lieu de se battre loin
dans l'espace, c'est le point de non-retour. L'Ange de Metropolis va
alors prendre une décision très importante et lourde de
conséquences, après une période de profonde réflexion : il
va tenter de renouer le contact avec la Terre, avec les gens
ordinaires qu'il défend, et faire renaître la foi dans leur cœur
ainsi que dans le sien. Pour cela, il va entamer un long périple et
traverser l'ensemble des États-Unis... à pieds, uniquement.
Suscitant tantôt le déchaînement des journalistes puis
l'inquiétude de ses partenaires et amis de la Ligue de Justice,
Superman ne reculera devant aucune objection et se forcera à
poursuivre cette marche coûte que coûte, affrontant les problèmes
du quotidien des gens ordinaires, de ce monde si éloigné du sien,
sans super-pouvoirs, sans super-vilains ni menaces cosmiques,
simplement des citoyens humains et des problèmes très humains. Une
simplicité toute bête qui aidera Superman à prendre conscience de
l'importance relative de son combat jusqu'à présent, et peut-être
à apprendre à choisir ses véritables combats à l'avenir, pour
devenir un meilleur protecteur de la Terre. Mais une série de revers
et de surprises attendent encore le Kryptonien, qui sera mis à mal
bien plus qu'il ne le croyait durant ce voyage, et dont la cassure
morale risque fort de s'accentuer davantage. Au final, peut-être
n'est-il plus fait pour être ce qu'il est. Au final... la Terre
a-t-elle encore besoin et envie d'un Superman pour la défendre ?
C'est
là la plus grosse et la plus grave de toutes les épreuves morales
que Superman aura jamais eu à affronter, seul ou presque. S'il peut
compter sur le soutien de Loïs ou de Batman, il n'en demeure pas
moins isolé de tous, face à sa dépression et au contre-coup
horrible que fut la seconde perte de son monde d'origine et le
désaveux dont fait preuve à son égard son monde d'adoption. Une
période extrêmement sombre donc, avec des propos et des réflexions
assez dures que doivent encaisser autant le héros que le lecteur, et
qui mettent à mal les fondements-mêmes d'un personnage tel que
Superman et tout ce qu'il représente et défend. Une remise en
question exceptionnelle et dramatique, mais pas sans issue ni sans
espoir ! Car c'est là le véritable message, derrière toute
cette noirceur du propos (qui m'a un peu fait penser au début de
Civil
War
chez Marvel, par ailleurs, avec le dilemme moral auquel est confronté
Tony Stark), derrière toute cette atmosphère lourde et déprimante
et ces réflexions philosophiques plutôt désabusées : malgré
tout cela, il faut continuer à garder espoir et à défendre coûte
que coûte ses convictions, si l'on croit en elles. Au delà du titre
de cette histoire, Superman est bel et bien à terre, autant
physiquement que moralement, c'est la chute inédite d'une idole et
d'un héros de lumière, qui va apprendre à côtoyer son côté
sombre, ses doutes et ses peurs les plus profondes. Mais il s'en
relèvera plus fort et plus resplendissant que jamais, prêt à
croire en un nouvel avenir et à réaffirmer son attachement aux
valeurs qui l'ont vu naître, Vérité, Justice. Une fin admirable
pour le Superman de l'ère Classique, et qui fait d'ailleurs la
jonction quasi-parfaite avec ce qu'il deviendra à ses débuts dans
l'ère des New52 actuelle.
Straczynski signe donc ici un récit magistral où il
permet au lecteur de faire connaissance, à la veille de sa fin, avec
son plus grand héros jusque dans les plus sombres recoins de son
esprit et de ses failles. Cette histoire me prouve quant à moi, par
son audace et ses références multiples ainsi bien sûr que son
traitement du personnage, que l'auteur connaît on ne peut mieux
Superman et était le mieux placé à cette époque pour lui offrir
une fin digne de ce nom, belle et spectaculaire, pleine de sens et
d'une portée morale convaincante.
Sauf que...
Le
mauvais point, selon moi, c'est que justement là encore Straczynski
a renoué avec sa légendaire mauvaise habitude d'abandonner ses
récits en court de route, obligeant l'éditeur à trouver quelqu'un
d'autre en urgence pour les terminer. Superman
– à terre
n'échappe pas à cette règle, et en plein milieu c'est Chris
Roberson qui reprend le bébé et l'accompagne jusqu'à la fin. Un
changement d'auteur et de ton qui se traduit directement par un
changement majeur dans l'histoire : les super-problèmes
réapparaissent, alors que ça ne devait être qu'une longue marche à
travers le monde ordinaire et ses difficultés. Roberson n'étant pas
Straczynski, il ne peut maintenir l'intérêt et l'attention du
lecteur sur un concept aussi peu mouvementé et donc il réintroduit
d'un seul coup de grosses menaces héroïques dans l'entourage
immédiat de Superman, dont le périple s'interrompt de plus en plus
souvent jusqu'à n'être plus qu'un souvenir lointain vers la fin,
totalement disparu derrière la nécessité de contrer ces menaces
démesurées. Alors, comprenez-moi bien, je ne trouve pas que le
message en soi soit gâché par cela, au contraire ça permet même
de mieux illustrer Superman se relevant de sa chute et redevenant peu
à peu un héros, mais quand bien même je ne peux pas m'empêcher de
penser que je me suis senti un peu trahi en voyant ça, sur le coup.
J'achète cette histoire justement pour son côté près de
l'ordinaire et du quotidien, un retour aux sources magistral pour
Superman, et je me retrouve avec toute une seconde moitié qui
revient dans l'action super-héroïque loin du ''peuple''. Pour moi
le pitch de base a été désavoué en court de route, suite au
départ de l'auteur et à la reprise en urgence par un autre, ce qui
a tendance à faire oublier tout le concept du début de cette
histoire, pourtant la meilleure partie. C'est bien dommage, mais bon
ça reste un récit de qualité malgré cela et ce n'est pas la faute
de Roberson non plus, il a fait avec ce qu'il pouvait et ce que lui
avait laissé Straczynski surtout, pas facile de passer derrière lui
beaucoup d'autres peuvent le dire.
Pour
conclure, ce récit m'a fait immédiatement repenser à un autre du
même genre : Wonder
Woman – L'Odyssée,
paru globalement à la même époque et servant également au lecteur
une telle déconstruction du personnage et de son univers proche,
pour mieux s'en relever par la suite et porter un nouveau message
d'espoir et de convictions. Tiens, étrange, cette histoire de Wonder
Woman était aussi signée et initiée par J. M. Straczynski... et
abandonnée en court de route pour être reprise en urgence par Phil
Hester. Quelle drôle de coïncidence ! Surtout que dans
Superman
– à terre,
il y a une référence très appuyée à ce qu'il advient de Wonder
Woman dans le même temps. Je trouve le parallèle des plus
intéressants, moi !
Bref, je termine et je conclue cet article déjà bien
assez long, en vous répétant que cette histoire de Superman est
magistralement menée de bout en bout malgré ses difficultés en
interne, et qu'à mon sens je n'aurais pas pu imaginer plus belle fin
pour le personnage Classique de Kal-El, elle lui va finalement comme
un gant, peu importe les critiques (qui d'ailleurs sont bien
représentées à travers les journalistes qui suivent Superman dans
son périple, petite pique amusante je trouve). L'on assiste à la
fin de Superman tel que nous le connaissons, et à son grand retour
triomphal, plus fort et plus lumineux que jamais, prêt à la
transition avec un nouvel univers DC plein de promesses et
d'espoirs !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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