dimanche 31 août 2014

Wika et la fureur d'Obéron (Thomas Day & Olivier Ledroit - Glénat - Mai 2014)


On change de registre le temps d'un article pour que je puisse vous parler d'un petit coup de coeur récent, une bande-dessinée écrite par Thomas Day et dessinée par Olivier Ledroit, parue chez Glénat il y a quelques mois à peine. Premier tome d'une série de quatre, Wika et la fureur d'Obéron s'annonce comme une oeuvre assez atypique tout en faisant preuve d'un certain classicisme. Pour plus d'informations sur les auteurs je vous renvoie directement à leurs bibliographies respectives, qui sont aisément trouvables, ici je ne vais m'intéresser qu'à l'oeuvre elle-même.

C'est une histoire teintée de magie, prenant place dans le monde féerique de Pan, un monde étrange, où magie ancienne et technologie steampunk se mêlent étroitement, dans lequel évoluent des créatures mythologiques aussi bien que folkloriques (l'on retrouve énormément de références aux contes et légendes de Bretagne, Nordiques, celtiques, antiques, etc.). Dans ce vaste royaume, une guerre fait rage. La guerre du prince Obéron, adeptes de ces nouvelles technologies mécaniques, contre les plus grands représentants de la magie classique et naturelle, l'essence-même de ce monde. Titania, reine des fées, a décidé de fuir Obéron son promis et de se marier au duc Claymore Grimm, maître d'arme historique de la famille royale, d'une honnêteté et d'une bonté sans réserve pour son entourage et défendant des valeurs plus traditionnelles que le Prince Blanc. Obéron décide alors de se venger et d'assiéger Castlegrimm, le château du duc, afin de réduire son armée et son fief à néant et de l'effacer totalement de l'Histoire. Titania se sait condamnée à endurer l'implacable vengeance d'Obéron et de sa maîtresse Rowena la Louve, et c'est la mort dans l'âme qu'elle décide de rester aux côtés de son époux jusqu'à la fin, en confiant son tout jeune enfant, la petite Wika, à son serviteur le plus dévoué afin qu'il l'emporte loin du conflit et qu'il la confie à des gens qui sauront lui fournir un abri et une vie en sécurité. Nul ne doit jamais savoir que Wika est la fille de Titania, l'enfant ''volée'' d'Obéron, aussi le bébé est-il privé de ses ailes pour que son secret demeure. Et tandis que le futur roi laisse libre court à sa fureur, Wika grandit dans une petite ferme d'Elfes, jusqu'à ce que l'âge de femme arrive et la pousse à partir à l'aventure, visitée dans ses songes par l'esprit de sa mère qui lui révèle sa véritable nature. C'est ainsi que Wika se rend à Avalon, la capitale, afin d'en apprendre plus sur les circonstances de sa naissance et de la mort de ses parents. Elle y fait la rencontre de Bran, jeune contrebandier des faubourgs, qui se prend d'affection pour cette jeune voleuse au caractère bien trempé. Ensemble, durant deux ans, ils vivent de presque rien, quelques rapines ici et là, et se laissent petit à petit porter par leurs sentiments l'un pour l'autre, d'abord amis, puis tels un frère et une soeur, et finalement plus que cela. Mais Obéron le cruel, Obéron le froid, sait que celle qui aurait du être son héritière a survécu et se trouve non loin de lui. Il envoie dès lors ses sept enfants illégitimes, les fils et les filles de Rowena la Louve, traquer Wika où qu'elle puisse se dissimuler, mettant ainsi fin à son bonheur et à son insouciance et poussant la jeune femme à fuir, perdant une nouvelle fois tout ce qui lui est le plus cher. Le sang appelle le sang, et la vengeance ne se fera pas attendre. La fureur d'Obéron fera face au chagrin de Wika, que les Fées Noires, grandes ennemies d'Obéron, désirent former et entraîner afin qu'elle puisse devenir une menace de poids pour le souverain...

Le plus gros atout de cette bd, outre son histoire qui fait appel à de nombreuses connaissances et références sur les mondes féeriques et légendes de tous horizons, c'est son graphisme. Pour celles et ceux qui connaissent Les Chroniques de la Lune Noire ou encore Les Arcanes de la Lune Noire, vous savez de quoi je parle. Les autres, imaginez simplement un décors enchanteur où les détails fourmillent dans tous les sens, où les structures mêlant magie, fantaisie et steampunk industriel fusionnent parfaitement et où le soin apporté à l'image est renversant.
Et là je parle des décors, mais ça vaut aussi pour les tenues extrêmement détaillées et élaborées des personnages (cf. la couverture) ! Partout ce ne sont que beauté, émerveillement et magnifique complexité. Vous passerez comme moi de longues minutes à scruter chaque case, chaque planche, simple ou double, à la recherche du moindre petit détail dans ces décors hallucinant de travail et de minutie. Sans pour autant perdre le fil du récit ! Et puisque je parle maintenant du récit (je vous laisse apprécier de vous-mêmes le dessin, je préciserai simplement que l'on peut déjà se faire une idée du niveau de recherche et d'étude dessus rien qu'en voyant la carte du monde de Pan au tout début de l'album, c'est bluffant), j'en viens au seul point faible selon moi de cette oeuvre : elle souffre de quelques facilités dans son écriture, et de quelques transitions malheureuses par moments qu'il aurait mieux valu approfondir davantage. Cela dit, une fois que l'on s'y est habitué ça passe finalement tout seul et on apprécie l'histoire autant que le dessin. Si vous connaissez un peu les écrits d'Edouard Brasey sur tout ce qui touche aux peuples magiques (fées, elfes, sorciers, lutins, démons, anges, etc.) vous ne serez pas dépaysés par cette bd, dont la préface est d'ailleurs signée par Pierre Dubois, un ''Elficologue'' très réputé lui aussi. Pour les autres, eh bien c'est l'occasion de vous plonger de plein pied dans ces mondes et légendes d'autrefois, remaniés à la sauce steampunk/dark fantasy. Vivement les trois autres tomes, que le voyage puisse perdurer le plus possible dans ce sens ! Glénat fournit un travail d'édition remarquable, et ce tome est un vrai bel objet à posséder dans sa collection, une certaine fierté je dois dire.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 27 août 2014

Aquaman tome 3 – La mort du roi (Urban Comics – Juin 2014)


Et voici ma seconde série coup de coeur du renouveau de DC Comics, Aquaman, de retour avec son troisième tome intitulé La mort du roi, scénarisé par Geoff Johns et dessiné presque entièrement par Paul Pelletier. La qualité est toujours au rendez-vous comme aux débuts, et l'on entre ici dans un récit largement à la hauteur de ce que la Justice League connaît depuis peu avant. J'ai écris la dernière fois que la série Justice League était le coeur des New52, mais dans ce cas la série Aquaman en constitue l'âme (avec deux autres à mon sens). C'est l'incarnation-même de la volonté de changement de l'éditeur pour ses personnages et ses différents univers, et la renaissance d'un héros au passé entaché de moqueries qui revient de loin et nous emporte à chaque nouveau tome dans ce qui semble bien être l'une des toutes meilleures séries de cette nouvelle ère. Petit point donc sur ce troisième opus toujours signé Geoff Johns, le grand architecte spécialiste pour redorer les blasons, et quels blasons !

Juste après les événements de l'arc Le trône d'Atlantide, la situation a grandement changé dans le monde. Les habitants de la surface ont découvert que le peuple des mers existe bel et bien, et a réalisé avec effroi qu'il est loin d'être amical. La tension monte depuis le conflit stoppé in-extremis par la Ligue de Justice et par Aquaman, aujourd'hui nouveau souverain de l'Atlantide, un souverain déchiré entre les deux mondes qu'il aime et auxquels il appartient tout autant. Rejeté par les Atlantes, pour certains encore trop attachés à leur ancien roi Orm aujourd'hui déchu ; craint et même haï par les terrestres de la surface, Arthur aura bien du mal à concilier les intérêts des deux camps et à instaurer une ère de paix pour panser les blessures. D'autant qu'il faudra compter avec des contrebandiers humains ravis de mettre la main sur des armes Atlantes ainsi que des spécimens vivants pour les revendre à prix d'or, ainsi que sur les tensions internes au royaume sous-marin encore en deuil. Tandis qu'un complot se fomente au sein de la garde du roi pour se rendre en surface faire évader celui que l'on appelle désormais Ocean Master, Orm, Arthur devra faire face au retour d'une très ancienne menace pour l'Atlantide, un être issu du fond des âges et déterminé à reconquérir par la force tout ce qui jadis porta sa marque, fut sa création et sa fierté, avant de lui être arraché par des traîtres qui détruisirent son héritage... des traîtres auxquels Arthur, sans le savoir, serait directement lié ! Le Roi Mort s'éveille enfin de son long sommeil au coeur des glaces, et nul ne saurait endiguer sa fureur ni réchapper de son courroux. Le plus grand défi qu'aura jamais eu à relever Aquaman est à présent devant lui, sans aucune échappatoire, et il en va non seulement de l'avenir de l'Atlantide mais également du reste des Sept Mers, royaumes légendaires eux-aussi condamnés à subir la vengeance de celui qui dans les temps les plus anciens fut le Premier et le plus grand Roi de tous les Océans...
Et pour couronner le tout, le monde de la surface est lui-aussi livré au chaos et à la désolation depuis qu'une mystérieuse organisation a fait s'évader la plupart des dangereux criminels surhumains incarcérés dans les prisons de haute sécurité telles que Belle Reve, et que les autres super-héros semblent avoir disparu après une bataille aussi titanesque que secrète, laissant le monde aux mains des forces du mal. L'avenir le plus sombre s'annonce alors, et il faudra un roi éclairé et fort pour unir les ennemis d'autrefois face à une menace bien plus grande encore !

J'ai lu ce tome sans m'arrêter une seule fois, totalement captivé par l'histoire. Aquaman n'est pas le seul personnage a avoir vu sa cote augmenter grâce à cette nouvelle série, puisque l'on peut d'ores et déjà considéré que Orm, son demi-frère, bénéficie lui-aussi d'un immense soutient des fans. Leur relation ainsi que le contexte dans lequel ils évoluent me fait d'ailleurs grandement penser à Thor et à Loki, du côté de la concurrence. Un duo qui a largement su séduire !
Au scénario je l'ai dis, Geoff Johns toujours aussi puissant et inspiré, qui nous revisite toute la mythologie du monde d'Aquaman avec brio et intelligence, on se croirait devant un film magistral à la hauteur de Man of Steel par exemple (d'ailleurs petit espoir personnel, si le futur film Aquaman, si jamais il existe un jour, pouvait chercher son inspiration du côté de ce run et de ces premiers arcs, je pense que ce serait une merveilleuse idée !). Quant au dessin de Paul Pelletier, il parvient à nous faire pratiquement oublier Ivan Reis, c'est une sacrée performance qu'il faut saluer ! Les décors sont magnifiques, chaque planque et presque chaque case est une oeuvre d'art en soi, tant on constate le travail et le soucis du détail, pour nous plonger dans un monde étranger et féerique pourtant pas si éloigné du nôtre, avec tout le génie que j'ai pu décrire pour Le trône d'Atlantide. Aquaman a su prouver depuis trois ans à présent qu'il fallait compter avec elle, et cette série est encore loin de nous avoir dévoilé tout son jeu et toutes les surprises qu'elle nous réserve. Je ne tiens presque pas en attendant le quatrième tome, qui s'annonce aussi grandiose et imposant pour la continuité des New52 que les précédents et particulièrement celui-ci. Un vrai coup de coeur pour ma part, et je le recommande chaudement !

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

samedi 23 août 2014

Les Supers Nanas, le film ! (Craig McCracken - Warner Bros. & Cartoon Network - 2002)


Du sucre, des épices, et des tas de bonnes choses... tels étaient au départ les ingrédients choisis pour créer une série-animée parfaite. Mais fort heureusement, sa popularité dépassa très largement les espérances et nous pûmes tous connaître ce dessin-animé merveilleusement drôle, irrévérencieux et aussi mignon que violent que fut Les Supers Nanas ! Mais si, vous vous en souvenez certainement, cette série avec trois adorables petites filles de maternelle dotées de super-pouvoirs à faire pâlir les héros de comics, combattant les forces du mal dans la ville de Townsville de jour comme de nuit mais sans pour autant oublier d'aller à l'école et de se comporter en gentilles petites filles avec leur cher père et créateur, le Professeur Utonium. Belle, Bulle et Rebelle nous ont offert, jusqu'en 2005, de très nombreuses heures de bonheur et de rires devant nos téléviseurs, sur Cartoon Network comme sur France 3, acquérant un statut d'oeuvre culte pour toute une génération en compagnie d'autres séries du même genre telles que Le Laboratoire de Dexter par exemple. Et c'est tout presque tout naturellement qu'en 2002, le monde du cinéma est lui aussi atteint d'adoration pour ces trois petites chipies, avec un film d'animation d'un peu plus d'une heure retraçant les origines et la toute première aventure des Supers Nanas, confrontées à la découverte d'un monde qui les craint et qu'elles ne comprennent pas totalement.

Le récit des origines en lui-même est archi-connu, on l'a tous entendu et récité en boucle via le générique inoubliable de la série. Un épisode nous apprenait même que derrière le fameux accident de laboratoire se trouvait le facétieux singe Mojo Jojo, alors simple animal de compagnie du Professeur, ayant chahuté une fois de trop durant l'expérience fatidique et provoqué le mélange de l'agent chimique X avec la mixture de filles. D'une certaine façon, la Némésis des filles est aussi leur créateur ! Ce fut un choc pour le vilain autant que pour le public, une sacrée révélation ! Eh bien le film va plus loin, non seulement en nous présentant le fameux accident et l'implication directe du futur Mojo Jojo dedans, mais aussi en nous racontant les tous premiers jours d'existence des filles et la découverte de leurs pouvoirs, ainsi que de leurs responsabilités peu à peu. Craintes, redoutées, rejetées par la population apeurée, les filles sont alors approchées par Mojo Jojo, devenu un singe d'une immense intelligence et dévoré par le désir de revanche sur ce monde qui l'a lui aussi rejeté. Utilisant les pouvoirs et la naïveté des filles, Mojo Jojo développe une machine infernale (qui deviendra sa fameuse base d'opérations sur le volcan au centre de la ville, dans la série) qui lui assurera la domination complète de Townsville, et bientôt du monde entier. Rongées par la culpabilité d'avoir participé à une telle horreur, les filles quittent la Terre et abandonnent ses habitants à leur triste sort, jusqu'à ce qu'une étincelle d'espoir vienne ranimer la flamme et fasse d'elles les héroïnes que tout le monde attendait.

Un récit qui, à l'image de la série, mêle habilement thèmes de l'enfance et humour adulte, situations et personnages adorables avec violence gratuite (voir ultra-violence), le tout servi par une animation presque entièrement revisitée pour l'occasion et d'une fluidité assez impressionnante pour l'époque, quand on voit d'où c'est tiré. Les musiques ne sont pas en reste et l'ambiance sera résolument girly et rock, prévoyez la montée d'adrénaline ! Un bon petit film très sympathique qui peu être vu et re-vu et re-re-vu encore et encore sans faiblir, par découverte ou pure nostalgie, seul ou entre amis ou encore en couple.

Mon petit regret personnel ? C'est trop court, on en veut davantage !! Et j'aurais beaucoup apprécié un petit clin d'oeil à Lui, autre terrible élément de la galerie de vilains des filles, le Mal personnifié dans tout ce qu'il y a de plus malsain et dément. Mais bon, récit d'origines, donc la part belle est faite à Mojo Jojo le premier et le plus grand des adversaires des Super Nanas, à jamais.
Si vous désirez le voir ou le revoir, le film existe bien entendu sur support DVD et est encore trouvable sans chercher trop loin, mais vous pouvez aussi essayer de le trouver en ligne au format purement numérique. Dans tous les cas, ne vous privez pas d'une petite piqûre de rappel de votre enfance, je vous assure que revoir les Supers Nanas avec un oeil et un esprit adulte vous ouvre une toute nouvelle dimension qui n'en est pas moins fun, loin de là ! Il y a aussi tout un tas de références, visuelles ou directes, à de grands films de genre que l'on serait bien incapable de reconnaître enfant mais une fois adulte qui sautent au yeux. Parmi elles, citons King Kong, La Planète des Singes, Superman, Frankenstein, Pygmalion, James Bond, etc.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne séance, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 20 août 2014

Justice League tome 3 - Le Trône d'Atlantide (Urban Comics - Avril 2014)


Eh oui on l'attendait depuis le début de la série, après deux tomes de présentation et d'introduction des personnages et de leurs relations (très bons tomes bien entendu), voici enfin le premier grand arc d'envergure pour la Justice League, rien de moins qu'une guerre impitoyable menée sur plusieurs fronts et avec son lot de tragédies, il s'agit du Trône de l'Atlantide, par Geoff Johns et Jeff Lemire, avec au dessin les talentueux Ivan Reis, Paul Pelletier, Tony Daniel et bien d'autres !

L'histoire reprend juste après la fin du tome 2, le fameux baiser céleste entre Superman et Wonder Woman. A partir de là, nous allons suivre le rapprochement de ces deux personnages pendant deux chapitres, la traque autour du monde d'une ennemie intime de Diana, Cheetah, autrefois sa plus précieuse amie. L'occasion pour la princesse des Amazones d'enfin faire confiance à ses alliés et surtout d'accepter leur aide, ainsi que cet amour naissant pour cet être aussi unique et solitaire qu'elle, qui veille sur l'humanité tel un dieu anonyme.
Mais Cheetah n'était que la première étape, et bien vite les choses sérieuses commencent, lorsqu'un porte-avion de la marine américaine perd le contrôle de ses missiles et tire accidentellement sur le royaume de l'Atlantide, déclenchant alors une crise mondiale sans précédent et de violentes représailles de la part de la nation sous-marine, pour qui chaque coup donné doit être rendu au centuple. Dès lors, Aquaman sera placé au coeur de la tourmente et devra tenter l'impossible pour raisonner son frère cadet, celui que l'on appelle Ocean Master, doté de la couronne de l'Atlantide et du pouvoir de commander aux flots déchaînés, afin de l'empêcher d'anéantir les plus grandes villes des Etats-Unis par vengeance et aveuglement. Mais tandis que la tension monte, quelqu'un libère les créatures infernales qu'Aquaman avait combattu et scellé au plus profond de l'océan Atlantique (dans le premier tome de la série Aquaman, Peur Abyssale) et les utilise comme arme secrète afin d'envenimer le conflit. Ce mystérieux individu semble très bien connaître les protocoles de combat de l'Atlantide ainsi que le passé et la personnalité d'Aquaman. Est-ce son frère, jouant double-jeu et préparant un véritable génocide de la population de la surface ? Est-ce au contraire un être humain, avide de gloire et de revanche ? Quoi qu'il en soit les choses se compliquent encore lorsqu'il apparaît évident que l'arme antique du légendaire roi Atlante, le Sceptre (dérobé dans Aquaman tome 2 – L'autre Ligue), risque d'être lui aussi utilisé durant cette guerre, pour couler une ville humaine. Quel est donc le lien entre toutes ces affaires ? Qui se cache derrière tous ces fronts et manipule allègrement les membres de la Ligue ainsi que les forces Atlantes ? L'ennemi invisible est bien plus proche que l'on ne le pense, et la révélation finale sera un choc retentissant pour tous. D'autant que, quelque part, une organisation criminelle commence à sortir de l'ombre et à recruter des membres parmi quelques uns des plus terribles super-vilains connus, à des fins encore inconnues mais qui n'augurent rien de bon pour l'avenir proche. Peut-être serait-ce l'occasion, pour lutter contre cette nouvelle menace, de fonder une nouvelle ''Ligue'' secrète...

Le Trône d'Atlantide pourrait tout à fait être une pièce de la plus pure tradition Shakespearienne. Il y a de la tragédie, du drame familial, des trahisons, une certaine fatalité combattue envers et contre tout par les héros... j'ai adoré ! A la fois plus intimiste que les deux premiers arcs et en même temps encore plus spectaculaire et étendu, celui-ci parvient à faire d'un personnage encore trop souvent méprisé et mal compris comme Aquaman le coeur d'un récit fort et poignant, impliquant toutes les facettes de l'univers DC des New52, et ce depuis le lancement de sa propre série. De quoi rendre ses lettres de noblesses à un héros qui le mérite amplement !
Pour couronner le tout, les dessinateurs livrent au fil des différents chapitres une prestation presque sans fautes, faisant en sorte de synchroniser leurs styles pour le plus grand bonheur du fan. Le scénario, écrit à quatre mains (peut-être plus, on ne sait jamais), réserve quelques surprises et parvient à prendre de court le lecteur, qu'il s'agisse des retournements de situation au coeur de l'histoire ou bien plus simplement de l'évolution des personnages, touchants et sincères dans leur écriture. Ce fut donc une vraie bonne surprise pour moi que la lecture de ce troisième tome de Justice League, qui confirme qu'elle est plus que jamais le coeur de l'univers New52 et qu'il faut compter avec elle !

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

dimanche 17 août 2014

Les tourments de Double-Face (Paul Jenkins & Jae Lee - Urban Comics - Mai 2014)


Il n'y a pas à dire, la galerie de vilains de Batman est de loin la plus impressionnante et la plus charismatique de toutes. C'est d'ailleurs pour cela que la collection ''DC Nemesis'' d'Urban Comics est pratiquement entièrement consacrée à ceux-ci, depuis son lancement avec La revanche de Bane. Et aujourd'hui je vais vous parler d'un récit particulièrement poignant et dérangeant, que j'ai eu l'occasion de lire pour la première fois dans les pages de la revue Batman de Panini Comics à l'époque, sous le titre Jekyll & Hyde, et qu'Urban a publié en album cartonné en tant que Les tourments de Double-Face.

Tout le monde connaît désormais l'histoire tragique du procureur général de Gotham City, Harvey Dent, aspergé d'acide lors d'un procès crucial contre l'un des parrains de la ville. La moitié de son visage a été gravement touchée par cet attentat et Dent a depuis développé une double-personnalité obsessionnelle et anarchique, obnubilé par le chiffre 2 et la dualité en toutes choses, se servant de sa pièce fétiche comme moyen de prendre ses décisions, toujours à cheval entre le Bien et le Mal. Dans cette histoire, Paul Jenkins décide de nous entraîner au plus profond de la détresse de Harvey Dent, nous faisant enfin découvrir le coeur de ses blessures moins physiques que psychologiques. Ici le personnage principal n'est pas, une fois n'est pas coutume, le Chevalier Noir de Gotham, mais bel et bien Harvey lui-même, en lutte perpétuelle et permanente contre ses mauvais instincts et son autre personnalité, plus vivante que jamais et bien décidée à prendre enfin le dessus. Au travers d'une chasse à l'homme angoissante, nous plongerons dans les tréfonds du sombre passé de Dent, du crime atroce qu'il cache depuis toujours au plus profond de sa mémoire et qui fut la première pierre de sa folie présente. Et tandis que Batman et Gordon tentent le tout pour le tout afin d'empêcher une série de meurtres de masse, Harvey se débat seul au coeur de sa psychose, affrontant à la fois son passé et ses tourments, y faisant face avec la seule arme qui lui reste encore : l'espoir. L'espoir que tout cela finisse un jour, qu'il puisse enfin trouver la paix et abandonner ce monde si douloureux, qu'importe les moyens. Et lors de l'affrontement final entre Batman et Double-Face, c'est surtout un combat entre la vie et la mort qui se joue dans le coeur de Harvey, et même Batman ne pourra lui venir en aide alors que l'ancien procureur prend enfin seul la décision de sa vie, qui le changera à jamais.

Les tourments de Double-Face est un récit poignant, triste, tragique et assez glauque. Il méritait vraiment sa place au sein des ''DC Nemesis'', histoires plus sombres que la normale, un peu comme dans ''Marvel Dark'' chez la concurrence. Si vous aimez les personnages et l'univers de Batman, vous ne ressortirez pas totalement indemnes de cette lecture, un peu à l'image de son héros (mais lequel est-ce vraiment ?). C'est ici le chant du cygne d'un vilain on ne peut plus charismatique et important du Chevalier Noir, l'un de ses plus grands ennemis et sans doute sa plus grande faute selon lui. Le dessin de Jae Lee rend un immense service au scénario complexe de Paul Jenkins, souvent mal compris par le grand public. J'aimerais pouvoir vous en dire davantage au sujet de cette histoire mais il s'agit vraiment de celles que l'on doit lire soi-même pour comprendre comme il le faut, sans se faire spoiler ni gâcher le grand final. En tout cas, une chose est sûre, vous aurez peu lu d'histoires de Batman comme celle-ci dans votre vie, alors accrochez-vous.

Sur ce je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !


mercredi 13 août 2014

La Planète des Singes - L'Affrontement (Matt Reeves - 20th Century Fox - 2014)


Suite de l'excellent La Planète des Singes – Les Origines sorti en Août 2011, ce nouveau film est sorti sur nos écrans le mercredi 30 Juillet dernier et se pose en vraie bonne surprise du genre. Réalisé par Matt Reeves, il prend place quelques dix ans après les événements du précédent opus, dans un monde totalement chamboulé.

Dix ans après la révolte des singes menés par César et leur évasion, le virus qui les a muté a également pratiquement décimé l'humanité. Quelques survivants vivent en communautés serrées dans les ruines des grandes villes, sans électricité ni capacité de communication avec le reste du monde, isolés et apeurés. Pendant ce temps, les singes ont établi une société similaire à celle des hommes de la préhistoire mais avec un degré d'intelligence supérieur, vivant en harmonie les uns avec les autres et s'organisant autour de la chasse et de l'éducation, sous l'oeil bienveillant de César, qui prône la paix entre ses frères et soeurs ainsi qu'avec les humains, pour peu qu'il en reste quelque part. Car les singes ne sont pas comme les humains, ils n'ont pas leurs mauvais côtés ni leurs défauts, ils sont capables de créer un monde meilleur et de ne pas reproduire les erreurs de leurs cousins. Du moins est-ce là la vision de César, car dans les faits une poignée de singes reste convaincue que l'homme demeure une menace et qu'il faut prendre les devants et exterminer cette espèce avant qu'il ne soit trop tard. Et justement, lorsqu'un petit groupe d'humains pénètre dans la forêt où vivent les singes, à proximité de San Francisco, les choses dérapent et un singe est grièvement blessé. Utilisant cet accident à son avantage, un singe du nom de Koba, que César considère comme un frère pour l'avoir sauvé parmi les premiers de ses compagnons, entreprend alors de fédérer autour de lui tous ceux qui seraient gagnés par la peur de l'Homme et désireux de l'éliminer, malgré le fait que César soit partisan d'aider les humains à survivre dans leur refuge, à condition que la paix et le statu-quo ne soit jamais bouleversé. Bien vite, c'est l'escalade dans la violence et Koba parvient à réunir assez de fidèles pour mettre en branle son ''coup d'état'', lui permettant de destituer César par la force et de monter les singes contre les humains, menant une véritable expédition génocidaire sur San Francisco, tandis que les Hommes de leur côté se préparent à la guerre et s'équipent d'armes militaires de pointe encore en état. Le destin du monde est entre les mains de Malcolm et de César, l'humain et le singe, les deux partisans de la paix entre leur deux espèces, seuls contre tous, seuls contre la peur collective et la haine viscérale qui dominent les esprits. Quelle que soit l'issue de ce conflit, il changera à jamais la nature des relations entre les humains et les singes, ainsi que l'avenir de toute la planète...

Avec beaucoup d'intelligence et relativement peu d'action gratuite, Matt Reeves nous livre un film exceptionnel qui éclaire d'un nouveau jour cette oeuvre culte qu'est La Planète des Singes. On peut déjà saluer la performance hallucinante d'Andy Serkis dans le rôle de César, qui nous prouve une fois de plus qu'il est fait pour permettre aux êtres de synthèse de prendre vie à l'écran. Mais le reste du casting n'est pas en reste et tous les acteurs jouent vraiment de leur mieux, portant tous une partie de l'histoire sur leurs épaules et nous entraînant parfaitement dans le récit et tous ses enjeux. La musique composée par Michael Giacchino reprend le célèbre thème des singes tout en l'adaptant aux circonstances, la naissance d'une nouvelle ère, la chute ou la survie d'une espèce au détriment d'une autre. Si elle ne reste pas forcément en tête après la séance, elle sait se faire présente jusque ce qu'il faut pour soutenir le film dans sa globalité.

J'ai dis qu'il y avait relativement peu d'action gratuite. Cela ne veut pas dire que le film est ''mou'' mais au contraire que chaque scène d'action qu'il contient est parfaitement réfléchie et maîtrisée, rien n'est inutile ou purement démonstratif. Tout a un sens et une fonction précise et s'emboîte parfaitement dans l'ensemble, ce qui fait que nous ne voyons absolument pas passer les quelques deux heures et dix minutes que dure la séance. A l'image des singes, c'est un blockbuster qui a su devenir et rester intelligent et garder son identité propre, et l'on en ressort avec une foule de questions et d'attentes pour la suite, sans une once de déception en ce qui me concerne. Et même si l'on pourrait objecter que la ''fin'' est déjà courue d'avance, via les films classiques, il se pourrait bien que cette nouvelle saga nous surprenne.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne séance, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

samedi 9 août 2014

Superior Carnage - Complexe de supériorité (Kevin Shinick & Stephen Segovia - Panini Comics - Juillet 2014)


La collection ''Marvel Dark'' de Panini Comics a été initiée il y a maintenant plus d'un an, avec Venom vs. Carnage – Un enfant est né. Depuis, nous avons eu droit à de nombreux récits sur le devenir de ces symbiotes, et tout particulièrement Carnage. Deux tomes dans la collection ''100% Marvel'', une mini-série dans la revue trimestrielle Spider-man Universe. Et à présent, ''Marvel Dark'' revient avec son dernier récit paru en date, à l'ère du Spider-man Supérieur : voici Superior Carnage – Complexe de supériorité.

Après avoir été lobotomisé par Kaine (Scarlet Spider) durant la mini-série Minimum Carnage (à lire dans Spider-man Universe n°7), Cletus Kasady est enfermé dans une prison de très haute sécurité pour super-vilains. Neutralisé et apathique, il ne représente plus une réelle menace pour les autres, mais la crainte qu'il suscite est toujours présente dans les esprits. Notamment dans celui du Sorcier, un adversaire historique des Quatre Fantastiques, qui monte une opération visant à faire s'évader Carnage de sa prison afin de prendre ensuite le contrôle de son esprit et de l'intégrer à la toute nouvelle version de l'équipe des Terrifics, en tant qu'arme secrète. Malheureusement tout ne se passe pas comme prévu et le Sorcier découvre bien vite que l'esprit du symbiote comme celui de son hôte sont totalement imperméable à toute forme de contrôle mental, et uniquement avides de sang et de mort. Alors, pour mener à bien son projet, le Sorcier décide de transférer le symbiote dans le corps d'un autre hôte, un scientifique paralysé des jambes qui offrira un esprit plus facile à manipuler. La fusion réussie, le résultat dépasse les espérances du vilain, qui enclenche alors la vitesse supérieure avec ce Carnage Supérieur. Mission : prendre d'assaut la mairie de New York pour en déloger J. Jonah Jameson et faire main basse sur la ville. Si aucune force de police ne semble en mesure d'arrêter ces nouveaux Terrifics, il faudra toutefois compter sur le Spider-man Supérieur qu'est Otto Octavius, bien déterminé à ne pas laisser sa ville finir entre les mains de fous dangereux. L'affrontement sanglant qui s'en suit sera le théâtre de trahisons, d'espoirs brisés et de retournements de situations des plus dangereux, surtout lorsque Cletus Kasady est amené sur le lieu des combats pour que son symbiote puisse le retrouver. Il faudra toute la ruse d'Otto et le sacrifice d'une noble et profonde amitié pour permettre de remporter la victoire, lourde de conséquences pour l'avenir de certains personnages. Mais la tempête semble bien passée à présent et les choses reprennent leur cour normal... jusqu'au prochain carnage !

Les couvertures magnifiques de Clayton Crain ne sont pas vraiment représentatives du style de dessin à l'intérieur des chapitres, c'est ce que l'on remarque en premier lieu. Mais le dessinateur Stephen Segovia livre tout de même une belle performance, agréable à regarder et facile à suivre, plutôt bien réalisée et dynamique. Si le récit en lui-même n'est pas forcément fondamental ni d'une importance cruciale dans l'univers du Tisseur et des symbiotes, il permet cependant de se placer du côté du vilain pour une fois. Le Sorcier est en effet le vrai personnage principal de l'histoire, lui qui paraît dépassé en raison de son âge et de la folie naissante que sa tumeur au cerveau propage. Reformer pour la énième fois les Terrifics, attaquer la mairie de la ville... tout cela paraît de prime abord l'oeuvre d'un vilain classique et has-been, est en réalité le dernier acte désespéré d'un père pour retrouver l'attention de son fils, qui lui a été enlevé par ses ennemis et qui le méprise. Se sachant inconsciemment condamné par sa maladie, le Sorcier veut simplement laisser une trace mémorable de son passage dans l'Histoire, ne pas disparaître pour rien et que l'on se souvienne de lui, que son propre fils se souvienne de lui et soit fier de lui. Qu'importe si pour cela il faut faire appel au mal personnifié, à ce symbiote dégénéré qui sème la mort et la désolation partout où il passe. Derrière le rideau du comique facile et de la série un brin déjantée, c'est bien une tragédie sentimentale qui se joue sous nos yeux et entre les pages de cet album, le dernier coup d'éclat désespéré d'un homme brisé qui refuse de rendre les armes, aux portes de la mort et de la folie. Voilà qui permet donc aisément à cette mini-série de figurer au sein du catalogue de la collection ''Marvel Dark'', conçue pour abriter des récits d'une profondeur plus intense que les parutions habituelles, plus sombres aussi et surtout plus violents. Des récits qui vous restent en tête, d'une façon ou d'une autre.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 6 août 2014

L'art des super-héros Marvel, l'expo ! (Art Ludique, le Musée - Paris - 2014)


 C'est l'été, il fait bon il fait chaud et vous ne savez pas quoi faire, coincés chez vous ou en mal d'inspiration ? Envie de se divertir avant la rentrée et le retour du stress ? Pourquoi ne pas faire une petite virée à Paris, au Musée Art Ludique près de la gare d'Austerlitz, et visiter l'exposition portant sur ''L'Art des super-héros Marvel'' ? Des années 1960 à nos jours, des comics aux films, passé et avenir, entrez dans le monde merveilleux de Stan Lee et prenez-en plein la vue !


Je m'y suis rendu courant juillet, par curiosité et sur les conseils de gens avisés. Le cadre est extrêmement agréable, aéré (et surtout climatisé !), les responsables sont très sympathiques et souriants, jeunes et moins jeunes, tous passionnés. Avant même de pénétrer dans le bâtiment vous êtes accueillis par une fresque gigantesque et de toute beauté représentant les Avengers en plein combat titanesque. Vous démarrez ensuite la visite par une salle entièrement consacrée au personnage de Captain America, sa genèse, la Seconde Guerre Mondiale, Timely Comics, etc. Puis vous entrez dans la partie dédiée à Iron Man / Tony Stark, puis Thor, puis les Avengers au complet, ainsi que les Quatre Fantastiques, les X-Men, Spider-man, Hulk, Daredevil, le Punisher, Dr. Strange, Ghost Rider, Fatalis, Magneto, Galactus, le Surfer d'Argent, Crâne Rouge, Loki... pas besoin d'en dire plus, vous trouverez à peu près tout le monde ! Tous représentés et exposés de façon claire et agréable à suivre, vous n'avez qu'à suivre le chemin et à observer les murs autour de vous, couverts de planches originales en noir et blanc, encrées ou simplement crayonnées, issues de toutes les décennies depuis les années 1940 jusqu'à maintenant. De magnifiques peintures, des covers, des sketchs, des illustrations en couleurs et parfois taille réelle, des story-boards (nombreux) en images de synthèses et peintures 3-D réalisées par l'artiste Ryan Meinerding pour Marvel Studios et chaque film que nous avons eu le plaisir de découvrir au cinéma depuis le premier Iron Man en 2007, et de très nombreux artistes dont je tairais les noms pour plus de suspense (sachez seulement qu'il y a des Français dans le lot, et en bonne place !).

Car il ne s'agit pas uniquement des comics, une bonne partie de l'expo porte aussi sur les films de Marvel Studios et vous trouverez de nombreux éléments présents dans ces films, accessoires, tenues, décors entiers ! La moto de l'Hydra, le bouclier de Cap, les costumes successifs, le casque d'Iron Man, le marteau de Thor, un buste de Groot ou des géants des glaces, le trône d'Odin, et plein, plein d'autres surprises du même genre toutes plus incroyables les unes que les autres. Et toutes issues véritablement des tournages, ce sont les objets authentiques que vous pouvez voir à l'écran maniés ou portés ou fréquentés par les acteurs et les personnages !

Chaque mur arbore aussi de petits textes informatifs sur tel ou tel artiste majeur de Marvel, de Stan-the-Man en personne jusqu'aux dessinateurs et scénaristes actuels qui font le quotidien de la maison d'édition. Mais vous aurez aussi droit à intervalles réguliers à des écrans incrustés dans les murs qui vous diffuseront en boucle des reportages exclusifs réalisés pour l'expo, avec Stan Lee vous expliquant les dessous de la création de chaque grand personnage et de chaque grande série, les coulisses d'un scénario et de la collaboration avec les dessinateurs, de l'importance de la ''patte'' personnelle d'un artiste sur l'avenir et l'aspect d'un héros comme d'un vilain, des inspirations qui se cachent derrière Iron Man, Captain America, Spider-man... parfois assez inattendues ! Vous l'aurez compris, cette expo est une gigantesque mine d'informations et de divertissement, au milieu de vos héros favoris. Prenez bien tout votre temps pour observer tout ce qu'il y a à voir, ne vous pressez pas, profitez de l'instant, vous aurez de belles surprises !

La visite se termine sur une salle portant sur l'univers cosmique de Marvel, les Gardiens de la Galaxie en bonne place. Leur histoire, les différentes formations du groupe, l'avenir au cinéma, quelques petits éléments tirés du film à sortir tout prochainement, et si vous cherchez bien, une petite alcôve quelque part consacrée à un vilain amené à avoir une énorme et cruciale importance dans la suite des films Marvel Studios. Vous aurez aussi un petit espace où vous pourrez regarder une vidéo rendant hommage à chaque film depuis 2007.

Et comme toute bonne exposition, celle-ci se termine sur la boutique. Assez peu de choses à y voir au final, quelques goodies rigolos et fort sympathiques (portes-clés, mugs, magnets), des figurines de collection de la gamme Marvel Select de Diamond (fabriquant très réputé et apprécié), des statuettes et bustes exposés dans des vitrines centrales et murales, un album regroupant toutes les infos et illustrations de l'expo. Pas de films en DVD ou Blu-ray, mais des affiches de ces films ainsi que des covers cultes des comics à acheter en format poster. Toutefois, malgré ces voluptueuses apparences vous serez sans doute un peu déçus car vous ne trouverez aucun vilain parmi les figurines comme les autres goodies, tout est entièrement consacré aux Avengers des films. Les fans de Loki, de Magneto ou de Fatalis (moi le premier, snif) devront ainsi faire avec cette frustration. Enfin, ça ne gâche en rien le plaisir d'avoir assisté à cette expo du début à la fin et de l'avoir visité en prenant son temps, avec curiosité, méthode, et oeil critique en veille.

Et devinez quoi, bande de petits veinards, vous avez encore l'occasion d'aller y faire un tour car l'exposition dure jusqu'au 31 Août ! Ah, et le billet d'entrée ne coûte que 10€, c'est franchement une occasion en or. En comparaison, l'exposition sur Tim Burton en 2012 coûtait plus cher et était bien moins agréable et fournie (à part la boutique, suivez le guide).
A tous les fans de Marvel, comics comme films, aux amateurs d'art séquentiel comme d'art tout court, rendez-vous à cette adresse :

Art Ludique – le Musée
34, Quai d'Austerlitz
75013 Paris
(http://artludique.com/marvel.html)

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une excellente visite, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

dimanche 3 août 2014

The Crow - Edition Définitive (James O'Barr - Delcourt - Octobre 2012)


A travers mes différents articles vous avez certainement du vous dire que je suis quelqu'un de fort sensible, pour m'émouvoir devant autant de récits qui n'en valent pas tous la peine il est vrai. C'est vrai aussi finalement que je suis assez sensible et émotif, surtout lorsque l'on joue sur des thèmes qui me sont chers. C'est le cas avec The Crow, une histoire véritablement poignante teintée d'une tristesse absolue, à ne lire que si vous avez le moral, sinon vous finirez plus bas que terre.
Beaucoup connaissent sans doute le film d'Alex Proyas sorti en 1994 avec le regretté Brandon Lee dans le rôle principal, qui signa son destin tragique et ajouta une nouvelle couche de drame sur cette oeuvre. Certains connaissent peut-être aussi la série-télé Canadienne de Bryce Zabel, en 24 épisodes et diffusée entre 1998 et 1999, au succès mitigé voir absent.
Si c'est votre cas, alors tant mieux pour vous, mais sachez que vous ratez l'essentiel, le coeur-même de la tragédie gothique/romantique qui se joue dans cette oeuvre, si vous n'avez pas lu le comics. Le graphic novel devrais-je dire, puisque nous atteignons ici des sommets de qualité et de technique dans l'art séquentiel et qu'il convient de lui rendre justice en le sortant du lot.

The Crow, c'est l'histoire de Shelly et Eric, un jeune couple s'apprêtant à se marier et à se lancer dans la vie, brutalement assassiné par un gang de malfrats sur la route après avoir subi les pires sévices. De cette tragédie naît une force vengeresse que rien ne semble pouvoir stopper, lorsqu'un an plus tard un corbeau (les gardiens des portes du royaume des morts) ramène Eric de l'au-delà afin qu'il puisse se lancer dans une traque sans merci, dans le but de rendre la justice et de faire payer à ces criminels le mal qu'ils ont pu faire. Si cette présentation de l'intrigue paraît simpliste vue comme ça, il n'en est rien car à cela s'ajoute une quête mystique de souvenirs et de rédemption, nous traverserons les épreuves d'Eric comme si nous étions les témoins privilégiés de son désir de retrouver sa bien-aimée ou tout du moins de la rejoindre bientôt, une fois sa tâche accomplie, et tout simplement d'enfin trouver la paix. Eric est une âme en peine, un revenant vengeur en proie à une terrible mélancolie et à une tristesse insondable, que le récit et les illustrations parviennent à nous faire ressentir au plus profond de notre coeur (pourvu que vous soyez de nature sensible et un brin romantique, bien entendu). Le présent sera entrecoupé régulièrement par des scènes tirées du passé et de la mémoire d'Eric, des scènes d'une incroyable tendresse qui permettent aussi au lecteur, tout comme au héros, de se réfugier l'espace d'un instant loin de la violence et de l'horreur de l'épreuve qui lui est imposée. Vous pourrez vibrer à la vue de ces moments intimes et doux, emplis d'amour et de partage à deux, avant de sombrer de nouveau dans la folie de la vengeance.

En somme, ce sont là des émotions que tout à chacun ressent normalement lorsqu'il lui arrive une telle tragédie. Et c'est bien là le véritable coeur de cette oeuvre : l'auteur, James O'Barr, a personnellement affronté le deuil de sa propre petite-amie suite à un accident qu'il se sentît très longtemps coupable d'avoir provoqué. Après une très longue période de dépression, assez grave et on le comprend bien, il a fini par trouver le moyen d'extérioriser du mieux qu'il pouvait toute la rage qu'il contenait et qui le dévorait de l'intérieur, ainsi que d'exprimer au passage l'infinie tristesse qu'il ressentait après la perte de son aimée. Cela donne The Crow, une histoire aux vertus thérapeutiques, une plongée dans les abysses de l'âme humaine rongée par le chagrin et la colère, mais également, et ce contre toute attente, un cri passionné pour la vie et la force de rester en vie, même après les pires épreuves. Certes au premier degré on peut voir le parcours d'Eric comme une sorte de renonciation progressive, après une lutte acharnée et une fois son but atteint, mais il est aussi question d'aimer la vie telle qu'elle est, tout simplement, et de ne jamais se laisser aller à y renoncer, même sous le coup de la plus affreuse des douleurs. Le retour d'Eric dans notre monde après sa mort, même si ce n'est que pour un temps très court, est non seulement un retour à la vie du personnage mais aussi un retour à la vie pour l'auteur lui-même, qui en extériorisant sur le papier ses souffrances et ses émotions peut enfin commencer à s'affranchir de ces mêmes souffrances et aller de l'avant, tout en gardant toujours un souvenir douloureux mais cher au coeur, une nostalgie mélancolique avec laquelle il devra apprendre à vivre.

Beaucoup n'ont pas réellement su voir tout cela dans le graphic novel magnifique qu'est The Crow, peut-être à cause du fait que les films suivant le premier furent moins bons et plus axés sur la violence, ou peut-être parce que la série-télé a bien dénaturé le propos de base tout en conservant une atmosphère familière, toujours est-il que l'impact artistique de ce récit reste encore à ce jour trop méconnu. Voir mésestimé. Et pourtant ! Plongez-vous au coeur de ces pages en noir et blanc, de ce graphisme sidérant de netteté et de réalisme ! Les impressions de mouvement sont vives, naturelles, on a parfois la sensation d'observer un ballet de danse (ce qui est le but recherché de certaines scènes au passages), Eric évolue dans son environnement aussi dignement que majestueusement, l'on parvient à ressentir autant sa grâce naturelle que sa puissance terrifiante. Les décors sont également somptueux dans le genre réaliste, un travail titanesque est fourni quant aux détails qui pullulent sur chaque planche, dans chaque case, même les plus épurées. Quand on voit cela, on ne peut douter de l'implication corps et âme de l'artiste à réaliser son oeuvre, comme à rendre le meilleur hommage possible à ses souvenirs de l'être aimée. Là où le noir et blanc de Sin City passe souvent pour une prouesse du genre, à côté des nuances ultra-précises de The Crow cela fera office de grossière ébauche. Par endroits on pourrait presque rapprocher ce travail de celui que l'on doit exercer avec les trames dans l'art du manga, tout un dosage à maîtriser.

Enfin, car cela constitue le petit plus qui m'a décidé à rédiger cet article, il faut saluer l'énorme performance éditoriale réalisée par Delcourt, qui a réédité ce récit malgré les risques de ne pas réussir à intéresser une nouvelle clientèle pour se rentabiliser, mais en fournissant un travail somptueux et léché qui nous donne un petit bijou que nous sommes fiers de posséder et d'exposer dans notre bibliothèque comics/bds, en bonne place. Cette ''Edition Définitive'' comporte des bonus informatifs jusque là peu connus, une nouvelle préface de l'auteur lui-même, des poèmes sélectionnés par ses soins au sein de la littérature française pour appuyer chaque chapitre, ainsi qu'une scène totalement inédite dessinée par James O'Barr exclusivement pour cette édition, qui fait alors office d'ultime finition apportée au récit. Si vous avez l'occasion de la trouver, et que cette petite présentation vous a intrigué voir séduit, surtout n'hésitez pas à le feuilleter et à vous le procurer par la suite, à condition bien sûr que vous aimiez ce genre d'histoires, ce qui n'est pas le cas de tout le monde malheureusement, même ici au sein de notre rédaction !

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !